Trois mois après l’assassinat de Daphne Caruana Galizia, plusieurs ONG demandent que justice soit faite
Des dizaines de représentants d’organisations de défense de la liberté d’expression et de lutte contre la corruption se sont réunis à Londres mardi 16 janvier 2018 pour rendre hommage à la journaliste d’investigation Daphne Caruana Galizia assassinée à Malte il y a trois mois, afin de réclamer justice.
Daphne Caruana Galizia a été tuée le 16 octobre dernier par une bombe placée sous sa voiture alors qu’elle quittait son domicile de Bidnija à Malte. Spécialisée dans la lutte anti-corruption , la blogueuse était à l’origine de révélations sur des affaires de corruption éclaboussant la classe politique maltaise -elle avait notamment publié de nombreux articles sur l’implication de proches du Premier ministre Joseph Muscat, dans les Panama Papers qui avaient provoqué des élections anticipées en juin dernier sur l’île.
“Nous sommes rassemblés pour rendre hommage à une femme remarquable et à une courageuse journaliste d’investigation. Nous sommes rassemblés pour montrer aux autorités maltaises et à la communauté internationale que nous n’oublierons pas Daphné Caruana Galizia et que nous nous battrons sans relâche jusqu’à ce que toutes les personnes impliquées dans son assassinat soient traduites devant la justice. Nous sommes rassemblés pour défendre la liberté de la presse, car attaquer un journaliste où qu’il soit revient à attaquer le journalisme partout dans le monde”, a déclaré Rebecca Vincent, directrice du bureau de Reporters sans frontières (RSF) au Royaume-Uni.
“La corruption que Daphne Caruana Galizia a dévoilée concerne l’ensemble des Européens c’est la raison pour laquelle nous devons faire preuve de solidarité avec sa famille et exiger la vérité. Punir les auteurs du meurtre n’est pas suffisant , il faut faire en sorte que ses enquêtes soient largement diffusées à Malte mais aussi dans le reste de l’Europe. Les leaders européens doivent ensemble faire en sorte qu’il n’y ait pas d’impunité dans cette affaire, faute de quoi ils dissuaderaient ceux qui luttent contre la corruption de continuer leur combat,” a déclaré Katie Morris , responsable du bureau Europe Asie d’article 19.
“Tant que les auteurs et les commanditaires odieux ne seront pas jugés, les journalistes maltais continueront de travailler dans la peur . Le gouvernement britannique doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour que cette affaire soit traitée avec le soin qu’elle mérite de façon à ce que la justice soit rendue,“ a déclaré Elisabeth Witchel, chargée de campagne contre l’impunité auprès du Comité de protection des journalistes (CPJ).
“Nous sommes réunis aujourd’hui pour rendre hommage à Daphne Caruana Galizia et montrer notre solidarité avec ses proches. Nous poursuivrons son travail d’enquête et continuerons de réclamer une enquête sérieuse et indépendante sur son assassinat, “ déclare Antonia Byatt, directrice par interim de English PEN.
“Le meurtre odieux de Daphne Caruana Galizia a renforcé un climat de peur et d’incertitude pour les journalistes, et met en péril la liberté d’expression sur l’île de Malte. Nous espérons que les arrestations menées conduiront à un procès juste et équitable et qu’il n’y aura pas d’impunité dans cette affaire,” a déclaré Hannah Machlin, responsable de projet pour Index On Censorship.
“Le travail mené par Daphne Caruana Galizia a permis de révéler au grand jour l’existence du crime organisé à Malte. Il est non seulement vital que les conditions de son assassinat soient éclaircies et que les auteurs soient traduits en justice mais aussi que son héritage serve à chasser la corruption et l’impunité de l’archipel. En nous rassemblant aujourd’hui, nous répétons que ceux qui contribuent à révéler la corruption doivent être doublement protégés et en aucun cas intimidés,” a déclaré Patricia Moreira , directrice exécutive à Transparency International.
Cet hommage à Londres a été conjointement organisé par RSF, ARTICLE 19, le Comité pour la protection des journalistes, English PEN, Index on Censorship, PEN International, et Transparency International. Les participants ont lu une déclaration de la famille Caruana Galizia et ont brandi des feuilles de laurier, symbole de courage, en solidarité avec les soutiens de la journaliste à Malte.