Trois journalistes emmenés de force au service militaire, un rédacteur en chef menacé de mort

Le 28 octobre 2002, des officiers de l'armée tadjike ont envoyé au service militaire de force trois jeunes journalistes des chaînes de télévision SM1 et TRK-Asia. Ces derniers venaient de réaliser un documentaire sur les méthodes parfois violentes utilisées par l'armée pour remplir les quotas d'appelés. Par ailleurs, Mahmudjan Dadabaev, le directeur de la chaîne SM1 affirme avoir reçu des menaces de mort émanant des autorités militaires. "La conscription forcée de ces trois jeunes journalistes est clairement une mesure destinée à sanctionner la liberté de ton dont ils ont fait preuve en réalisant un reportage sur un sujet gênant pour les autorités. Ces méthodes, ainsi que les menaces proférées contre le directeur de la chaîne SM1, sont inacceptables. Elles démontrent que les autorités tadjikes ignorent la liberté de la presse et le débat démocratique. Le journalisme indépendant reste très précaire au Tadjikistan", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans un courrier adressé au président Emomali Rakhmonov. L'organisation a demandé au Chef de l'Etat de tout mettre en œuvre pour que Akram Azizov, Nasim Rahimov, et Yusuf Yunusov soient immédiatement relâchés. Le 28 octobre 2002, neuf jeunes journalistes des chaînes de télévision SM1 et TRK-Asia, qui participaient à un séminaire de formation journalistique à Khujand (nord du pays) ont été interpellés par la police militaire. Six d'entre eux ont été relâchés mais Akram Azizov, 21 ans, Nasim Rahimov, 20 ans et Yusuf Yunusov, 21 ans, ont été retenus et envoyés à la base militaire de Khujand pour y faire leur service militaire, les autres jeunes étant exemptés. Le 24 octobre, la chaîne SM1 avait diffusé un documentaire réaliséé au cours de cette formation, sur les escadrons utilisés par les forces armées tadjikes pour traquer les jeunes devant participer au service militaire. Le reportage présentait des témoignages de jeunes hommes victimes de violences et des cas de conscription ignorant des certificats médicaux d'exemption. Un haut responsable militaire de la région, Fazliddin Domonov, qui niait l'emploi de ces méthodes dans le reportage, aurait menacé l'équipe de journalistes le lendemain de la diffusion. Le 5 novembre, Mahmudjan Dadabaev, le directeur de la chaîne SM1 a reçu des appels téléphoniques émanant des forces militaires, le menaçant de le tuer et de fermer sa chaîne.
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Updated on 20.01.2016