Reporters sans frontières dénonce la condamnation, le 18 janvier, des journalistes Wu Zhengyou et Zhu Wanxiang à respectivement six et dix ans de prison.
Ils sont accusés de fraude et d'extorsion pour avoir publié le magazine Nouvelle jeunesse chinoise sans autorisation officielle. Par ailleurs, la police détient toujours au secret le journaliste en ligne Yang Tianshui.
Reporters sans frontières dénonce la condamnation à de lourdes peines de prison de trois journalistes qui avaient fait état de confiscations de terre abusives, dans un magazine sans licence officielle de la province du Zhejiang (Sud-Est).
« Alors même que Liu Yunshan, le responsable du Département de la publicité (ex-Département de la propagande), vante les mérites de ses services qui ont fermé 79 publications en 2005, la condamnation de trois journalistes rappelle que la lutte contre la pornographie et la piraterie intellectuelle, est trop souvent un prétexte. La répression s'abat également sur des journalistes qui tentent de briser le carcan du contrôle politique », a affirmé Reporters sans frontières. L'organisation demande la libération des trois journalistes.
Le 17 janvier 2005,
Zhu Wanxiang,
Wu Zhengyou et un troisième journaliste (
Pan Chunlei ou
Wang Xianyong, selon les sources), respectivement directeur, rédacteur en chef et journaliste de
Zhonghua Xin Qingnian, ont été condamnés à des peines de prison par un tribunal du district de Lishui, province du Zhejiang. Selon un fonctionnaire de justice, interrogé par l'Agence France-Presse, Zhu Wanxiang et Wu Zhengyou ont été reconnus coupables « d'activités commerciales illégales, fraude et extorsion ». Les autorités locales leur reprochent en fait d'avoir publié dans Zhonghua Xin Qingnian (Nouvelle jeunesse chinoise) des informations sur des affrontements, en mai 2005, à Lishui. Des paysans, protestant contre des confiscations de terres, avaient ensuite donné au journal 30 000 yuans (3 000 euros) pour le remercier d'avoir rapporté leurs revendications. Sur cette base, le procureur a accusé d'extorsion les responsables du Zhonghua Xin Qingnian.
Arrêtés le 20 août 2005, Zhu Wanxiang et Wu Zhengyou devaient faire appel de leurs peines respectives de dix et six ans de prison. Le nom du troisième journaliste, condamné à un an de prison, n'est pas connu à ce jour.
Par ailleurs, Reporters sans frontières s'inquiète du silence des autorités chinoises sur le sort de Yang Tianshui, arrêté le 23 décembre 2005 par des agents en civil du Bureau de la sécurité de Nankin (province du Jiangsu, Est). La famille n'a toujours pas été informée du lieu de détention du journaliste en ligne, officiellement accusé de "divulgation de secrets d'Etat". Selon la législation chinoise, un mandat d'arrêt doit être fourni dans les 24 heures suivant une interpellation. On ne peut garder quelqu'un plus de 48 heures en détention sans ce document. Yang Tianshui pourrait être actuellement gardé dans un hôtel, un centre de détention ou une prison.
Ce sont les services de sécurité de Zhenjiang, situé à une centaine de kilomètres de Nankin, qui ont annoncé que le journaliste était accusé de "divulgation de secrets d'État" et qu'il lui était interdit de recevoir l'assistance d'un avocat. Un agent a indiqué à l'avocat du journaliste ne pas être en mesure de donner plus d'informations sur cette affaire sans une autorisation préalable de ses supérieurs.
Yang Tianshui avait déjà été arrêté le 24 décembre 2004 pour incitation à la subversion du pouvoir de l'Etat. Il avait été relâché un mois plus tard après que sa sœur s'était portée "garante" dans l'attente de son procès.
Il a publié de très nombreux textes sur Internet, mais également dans la version chinoise du quotidien Epoch Times, édité à l'étranger. Le journaliste avait notamment rédigé des articles sur des cas de tortures à l'encontre de défenseurs des droits de l'homme, ainsi que sur la protection apportée par les autorités à certains criminels.
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