Trois ans dans l’enfer carcéral russe pour Ivan Safronov

Alors qu’il entame sa quatrième année en prison, le journaliste d’investigation Ivan Safronov subit des pressions de la part des autorités pénitentiaires. Loin d’être un cas isolé, son sort illustre la répression russe qui poursuit les journalistes jusque dans leurs cellules. Reporters sans frontières (RSF) demande l’arrêt immédiat de ces persécutions et leur libération.

“Attendre autre chose du système pénitentiaire russe aurait été quelque peu naïf”. Désabusé, Ivan Safronov termine ainsi, le 18 juin, une lettre commencée dix-sept jours plus tôt sur son quotidien dans le système carcéral russe. Le journaliste, enfermé depuis près de trois ans, a soudainement été transféré à l’isolement, puis dans une unité médicale sans raison connue. Ce n’est qu’à son retour dans sa cellule qu’il a pu finir  son texte, publié par OVD-Info, une ONG qui documente les persécutions politiques.

Comme Ivan Safronov, les journalistes incarcérés en Russie subissent de plein fouet les violences et les mauvais traitements qui gangrènent le système pénitentiaire. Déjà privés de liberté pour le simple fait d’avoir osé informer, certains sont victimes de violences physiques ou psychiques. RSF s'insurge contre cette persécution aveugle et sans fin et demande la libération des 23 journalistes enfermés dans les geôles russes.

Jeanne Cavelier
Responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF

Condamné à 22 ans de prison pour “trahison” en septembre 2022, après plus de 2 ans de détention provisoire et un procès inique, Ivan Safronov n’est pas le seul à voir sa santé mentale mise à rude épreuve derrière les barreaux. Igor Kouznetsov, correspondant à Tomsk pour RusNews, a déjà passé plus de 20 mois en prison sans procès. Début juin, il a été transféré à l’hôpital psychiatrique Serbsky de Moscou, utilisé à l’époque soviétique pour “déceler” des maladies mentales chez les opposants politiques.

 

Victime de terribles douleurs au dos, une autre journaliste de RusNews, Maria Ponomarenko, emprisonnée pour avoir publié sur les crimes de l’armée russe en Ukraine, est privée de traitement. Régulièrement malmenée et placée à l’isolement, elle raconte dans ses lettres la violence et le manque d’humanité avec lesquels ses gardiens la traite. Aleksandr Dorogov, journaliste de Rosderjava, a témoigné à de multiples reprises d’humiliations et de coups. 

 

Au-delà de la brutalité du système carcéral, la violence peut être utilisée par les forces de sécurité pour extorquer aux journalistes des aveux publics et forcés de crimes imaginaires, comme ce fut le cas pour le reporter russo-ukrainien Vladislav Yesipenko, condamné à six ans de prison en février 2022. C’est aussi sur la seule base d’un témoignage obtenu sous la torture qu’un procureur a requis, le 22 juin, 19 ans de prison contre Abdulmumin Gadjiev, qui est, en outre, régulièrement privé de la visite de ses proches et de ses avocats.

 

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