Tentative d'assassinat du directeur d'un journal baloutche

Reporters sans frontières est indignée par la tentative d'assassinat ayant visé Jan Muhammad Dashti, propriétaire et rédacteur en chef du quotidien Asaap, publié à Quetta, dans une attaque revendiquée par un groupe extrémiste sunnite. "La violence qui s'abat sur les journalistes et les médias baloutches est inacceptable. Cette attaque contre le propriétaire d'un journal connu pour ses positions en faveur des droits des Baloutches montre à quel point le gouvernement fédéral est incapable d'assurer la sécurité des journalistes. Nous demandons une enquête et l'arrestation des agresseurs", a affirmé l'organisation. Depuis début 2008, deux journalistes baloutches ont été tués et plusieurs médias ont été attaqués à Quetta. Le 23 février 2009, Jan Muhammad Dashti a été gravement blessé par balles, alors qu'il se rendait à son bureau de Quetta, dans la province du Baloutchistan (Sud-Ouest). Des hommes armés ont bloqué son véhicule et ouvert le feu sur lui. Le journaliste a été blessé à la tête et à un bras. Il a été transféré vers un hôpital de Karachi. Son état est stable. Son chauffeur a également été blessé. Connu pour ses opinions favorables au nationalisme baloutche et hostiles à l'islamisation de la province, il avait été démis de ses fonctions en 2000 par le général Pervez Musharraf. La justice lui avait donné par la suite raison, en le restaurant dans son rang de fonctionnaire. En 2008, le gouvernement provincial l'a nommé responsable de la gestion des mines. En 2001, il a lancé Asaap pour défendre le droit des Baloutches. Le gouvernement fédéral a imposé, depuis cinq ans, un boycott de la publicité dans ce journal, devenu malgré tout populaire. L'attaque a été revendiquée par un porte-parole du Lashkar-e-Jhangvi, un groupe armé sunnite, qui reproche au journaliste d'avoir publié un livre insultant les prophètes Jesus-Christ et Marie. Des extraits de cet ouvrage de Jan Muhammad Dashti avaient été publiés dans le journal. Lashkar-e-Jhangvi, connu pour avoir été soutenu par des éléments des services secrets pakistanais, a menacé de s'en prendre aux bureaux du journal si le propriétaire ne cessait pas d'écrire. Par ailleurs, l'armée pakistanaise a menacé plusieurs journalistes qui ont récemment publié des articles sur le sort de femmes baloutches qui sont portées disparues, notamment Zarina Marri. Plusieurs témoignages indiquent clairement qu'elles ont été kidnappées par des membres des forces armées.
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Updated on 20.01.2016