Sur intervention du ministre de l'Information, une journaliste jamaïcaine menacée d'expulsion obtient une prolongation de séjour
Organisation :
Einstein Louison, le ministre grenadien de l'Information, a fait savoir, le 18 février 2008, qu'il était personnellement intervenu pour permettre à Tenesha Thomas, de l'agence Caribupdate, de continuer à travailler sur le territoire de la Grenade. La journaliste jamaïcaine, envoyée par son média couvrir la campagne des élections législatives, avait été arrêtée, le 15 février, et menacée d'expulsion au motif que son visa de séjour était périmé. Malgré une apparente confusion quant à la date d'expiration du visa, l'ordre d'expulsion avait été maintenu. La journaliste n'a finalement pas pu embarquer. Défendant l'attitude des fonctionnaires de l'immigration, Einstein Louison a soutenu que la journaliste avait dépassé la durée légale de séjour et regretté que la direction de Caribupdate ait “politisé” l'affaire. Le ministre a néanmoins assuré avoir arrangé la situation de Tenesha Thomas “dans l'intérêt de la liberté de la presse”. La journaliste pourra rester à la Grenade jusqu'au 8 mars prochain.
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15.02.08 - Une journaliste jamaïcaine expulsée : Reporters sans frontières demande des explications
Reporters sans frontières est étonnée du traitement réservé à Tenesha Thomas, de nationalité jamaïcaine et employée de l'agence de presse régionale Caribupdate. Arrêtée le 14 février 2008 au motif que son visa de séjour avait expiré, la journaliste devait être renvoyée en Jamaïque, le 15 février. Cette mesure est d'autant plus surprenante que les services d'immigration grenadiens ont reconnu avoir commis une erreur. L'organisation espère qu'il ne s'agit pas d'un acte de censure déguisé.
“Le sort fait à Tenesha Thomas étonne à plus d'un titre. La Jamaïque et la Grenade sont liées par les accords de la Communauté du bassin des Caraïbes (CARICOM) qui facilitent la circulation des ressortissants d'un pays à l'autre et les prolongations de séjour. D'autre part, comment expliquer que la mesure d'expulsion de la journaliste soit maintenue alors qu'il a été admis que sa situation était en règle ? L'émotion suscitée par l'affaire laisse craindre qu'à travers Tenesha Thomas, l'agence Caribupdate ne subisse un traitement de défaveur de la part des autorités. Le gouvernement grenadien doit fournir des explications”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 14 février 2008 à Saint-Georges, Tenesha Thomas a été arrêtée et détenue par quatre agents des services grenadiens d'immigration au prétexte que son visa de séjour était périmé. La journaliste a fait valoir une inversion du jour et du mois mentionnés sur ses papiers, en vertu de laquelle les fonctionnaires ont confondu la date du 8 février (8/02) avec celle du 2 août (2/08). Elle a également montré le billet de son vol de retour en Jamaïque, qu'elle devait prendre au cours de la première semaine de mars. Malgré cette erreur, finalement admise, et malgré des tentatives de dialogue entre la direction de Caribupdate et le cabinet du Premier ministre, Keith Mitchell, Tenesha Thomas reste soumise à une mesure d'expulsion. Elle devait reprendre un avion pour la Jamaïque, le 15 février. L'association des journalistes grenadiens (Media Workers Association of Grenada) a qualifié l'incident d'”attaque contre la liberté de la presse”.
Ancienne salariée du principal quotidien jamaïcain, The Gleaner, la journaliste politique Tanesha Thomas a rejoint la Grenade, le 1er janvier 2008, au titre de Caribupdate, afin de couvrir les prochaines élections générales. Elle a été spécialement chargée de suivre l'opposition. D'après le fondateur et directeur de Caribupdate, Hamlet Mark, lui-même grenadien, cette expulsion constituerait une sorte de punition contre son média.
Cet épisode n'est pas une première. Les 12 et 13 juin 2007, deux journalistes ressortissants de pays de la CARICOM avaient dû quitter dans les mêmes conditions Antigua et Barbuda, autre État membre (lire le communiqué du 15 juin 2007).
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Updated on
20.01.2016