Reporters sans fontières est très heureuse d'apprendre l'acquittement, le 15 mars 2006, de la militante de la liberté de la presse, Supinya Klangnarong (photo), ainsi que des journalistes et dirigeants du quotidien Thai Post. Ils étaient poursuivis depuis 2004 par la Shin Corp, une société de télécommunications ayant appartenue au Premier ministre Thaksin Shinawatra.
Reporters sans frontières est très heureuse d'apprendre l'acquittement le 15 mars 2006, de la militante de la liberté de la presse, Supinya Klangnarong, 32 ans, ainsi que de journalistes et de dirigeants du quotidien Thai Post. La société de télécommunications Shin Corp, ayant appartenu à la famille du Premier ministre Thaksin Shinawatra, les avait poursuivis depuis décembre 2003 pour « diffamation ».
« Cette décision marque un jour heureux pour la liberté d'expression en Thaïlande. Elle démontre tout d'abord l'indépendance de la justice thaï qui a su reconnaître l'innocence d'une voix critique du Premier ministre Thaksin Shinawatra. Nous espérons, par ailleurs, que le résultat de ce procès incitera le chef du gouvernement à décriminaliser la diffamation. Reporters sans frontières tient à féliciter le combat exemplaire de Supinya Klangnarong qui, malgré les risques personnels encourus, a toujours clamé son innocence et a défendu la liberté d'expression menacée par l'autoritarisme du chef du gouvernement », a déclaré l'organisation.
Le tribunal correctionnel de Bangkok a prononcé, le 15 mars 2006, l'acquittement de Supinya Klangnarong, de journalistes et de dirigeants du quotidien Thai Post. « La principale accusée n'a rien fait d'autre que d'exprimer son avis en toute bonne foi. Elle n'a jamais eu la moindre intention d'agir contre l'entreprise Shin Corp, mais bien au contraire, dans l'intérêt du bien public, a déclaré la cour. De plus, ce droit lui revenait pleinement en tant que secrétaire générale de l'organisation Campaign for Popular Media Reform.»
Juste avant la lecture du verdict, les avocats de l'entreprise Shin Corp ont souhaité abandonner leurs poursuites en diffamation contre les accusés, mais ces derniers ont refusé. Les avocats avaient déjà suggéré cette solution en janvier 2006, peu de temps après la vente de Shin Corp à une firme de Singapour. Ils ont également tenté d'approcher les accusés ces dernières semaines à la sortie du tribunal pour régler le différend à l'amiable.
« J'ai toujours pointé du doigt le fait que cette affaire relevait d'un conflit d'intérêts au sein du gouvernement, et la décision qui vient d'être prise en est la preuve (...). Ce n'est pas une affaire personelle mais publique qui concerne la liberté d'expression », a déclaré Supinya Klangnarong à la presse. L'acquittement de la militante de la liberté de la presse a été accueilli par les applaudissements de deux cents personnes à la sortie du tribunal.
Supinya Klangnarong ainsi que des journalistes et dirigeants du quotidien Thai Post encouraient 400 millions de bahts
(environ 8 500 000 euros) d'amende et deux ans de prison pour avoir respectivement déclaré et publié en juillet 2003 que l'entreprise Shin Corp avait bénéficié de la position de son fondateur, Thaksin Shinawatra, Premier ministre de la Thaïlande.
Reporters sans frontières et d'autres organisations de la liberté de la presse avaient assisté au procès de Supinya Klangnarong en 2005.