Sri Lanka : RSF demande à Facebook le rétablissement des comptes du Tamil Guardian

Le compte Instagram de ce portail d’information, qui compte plus de 19.000 abonnés, est suspendu depuis bientôt deux semaines. Reporters sans frontières (RSF) exige la fin de cette censure et demande à Facebook, la maison-mère, de faire preuve de davantage de transparence dans ce type d’affaire.

La censure est extrêmement brutale : le compte Instagram du Tamil Guardian, l’un des principaux médias d’information sur les communautés tamoules au Sri Lanka et dans le monde, est actuellement désactivé, sans que ses administrateurs aient été informés des raisons du blocage.


Comme elle l’a expliqué dans un communiqué, l’équipe du Tamil Guardian, dont le siège social est au Royaume-Uni, a été placée devant le fait accompli lorsqu’elle a découvert, le 27 octobre dernier, que son compte Instagram était désactivé.


Après plusieurs messages envoyés à Facebook, la maison-mère d’Instagram, le compte du Tamil Guardian a finalement été restauré le 29 octobre. Peine perdue : moins de douze heures plus tard, le compte était à nouveau inaccessible pour ses administrateurs. Et pour l’ensemble des internautes, il a tout simplement disparu du cyberespace.


“Sans la moindre explication, ni la moindre justification, les dirigeants d’Instagram privent près de 20.000 abonnés des informations que le Tamil Guardian diffuse habituellement depuis son compte Instagram, résume le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Nous demandons aux dirigeants de Facebook, la maison-mère, de rétablir immédiatement ce compte et, plus largement, de faire preuve de davantage de transparence et de responsabilité quant à la gestion de leurs algorithmes. Ce type de censure est absolument inacceptable.” 


Manipulation des algorithmes


Selon la réponse-type envoyée par Facebook aux responsables du compte, sa suspension serait dûe au fait que “les standards de la communauté” auraient été violés. Aucun autre détail n’a été fourni.


Interrogé par RSF, l’un des codirecteurs du Tamil Guardian, Sharmini Vara, rappelle que ce n’est pas la première fois que le média est victime de censure de la part de Facebook et Instagram. “C’est le cas depuis des années, explique-t-il. Mais c’est, depuis quelques mois, de plus en plus fréquent.” Une tendance qui épouse, peu ou proue, l’arrivée au pouvoir du président Gotabaya Rajapaksa, tenant d’une ligne dure à l’égard des droits de la minorité tamoule du Sri Lanka. 


“Nous avons pu recouper des informations selon lesquelles l’Etat srilankais intervient pour signaler et faire disparaître notre travail sur les plateformes de réseaux sociaux.” De fait, faute de transparence, les algorithmes utilisés par Facebook pour réguler ses réseaux sociaux peuvent être manipulés par des armées de trolls ou des “social bots” - des comptes fantômes dont la seule fonction est de générer des messages automatiques - et ce, dans le but d’obtenir la suppression d’un message, ou la suspension d’un compte.


Afin de répondre à cet exemple de “chaos informationnel”, RSF a récemment lancé la Journalism Trust Initiative, un système qui permet d’identifier et de mettre en valeur, notamment sur les plateformes de réseaux sociaux, les sources d’information dignes de confiance.


Le Sri Lanka occupe actuellement la 127e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2021 établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 09.11.2021