Soulagement suite à la libération de Jean-Bosco Talla

Reporters sans frontières prend acte de la remise en liberté, le 13 janvier 2010, de Jean-Bosco Talla, directeur de l'hebdomadaire privé Germinal. Celui-ci a été relâché de la prison de Kondengui, à Yaoundé, après s'être acquitté de l'amende qui lui avait été infligée, le 28 décembre dernier, pour "outrage au président de la République". Le journaliste s'est dit "serein" et a indiqué à l'Agence France-Presse (AFP) que Germinal allait continuer à être "édité sans changer de ligne éditoriale". --------------------------------------------------------------------------------- 29.12.2009 - Jean-Bosco Talla condamné à un an de prison avec sursis : une "décision en demi-teinte" Le 28 décembre 2009, le tribunal de première instance de Yaoundé a reconnu Jean-Bosco Talla coupable "d'outrage au président de la République" et l'a condamné à un an d'emprisonnement avec sursis avec trois ans de probation. La justice camerounaise le contraint en outre à payer trois millions de francs CFA (4 500 euros) d'amende à l'Etat et 154 000 francs CFA (234 euros) de frais de justice. Reconduit à la prison Kondengui de Yaoundé, le directeur de l'hebdomadaire Germinal a l'intention, selon son avocat, Me Jean-Marie Nouga, de faire appel. "Ce verdict est avant tout un soulagement car il devrait éviter à Jean-Bosco Talla de rester pendant de longs mois en prison. Il fait cependant peser sur le journaliste une épée de Damoclès susceptible de le contraindre à l'autocensure. Nous espérons que le paiement de l'amende lui permettra de retrouver le plus rapidement possible sa liberté", a déclaré Reporters sans frontières, qui encourage les autorités camerounaises à dépénaliser pleinement les délits de presse. ----------------------------------------------------------------------------------- 17.12.2009 - Demande de remise en liberté du journaliste Jean-Bosco Talla, accusé d'offense au chef de l'Etat "Je n'ai fait que reproduire des extraits d'un livre. Je ne vois pas ce que j'ai fait de mal et je suis donc tout à fait serein", a confié Jean-Bosco Talla, le 17 décembre 2009, au correspondant de Reporters sans frontières au Cameroun, Jules Koum Koum, venu lui rendre visite à la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé. Détenu depuis une semaine, le journaliste est jugé pour "offense au chef de l'Etat". Il a été présenté au tribunal de grande instance de Mfoundi, le 16 décembre, et a plaidé non coupable. Il doit à nouveau être entendu le 21 décembre prochain. "Une fois de plus, nous rappelons aux autorités camerounaises que rien, dans une affaire de diffamation, ne saurait justifier la détention d'un journaliste", a déclaré Reporters sans frontières. Jean-Bosco Talla , directeur de publication de l'hebdomadaire privé Germinal, a été arrêté le 10 décembre et conduit au Secrétariat d'Etat à la Défense (SED), une unité policière en charge de la lutte contre le grand banditisme. Quatre jours plus tard, dans la soirée, il a été transféré à la prison Kondengui et a été présenté, le 15 décembre, au procureur de la République. Les autorités reprochent à Germinal d'avoir publié, dans son édition n°46, un extrait du livre d'Ebale Angounou, intitulé "Sang pour sang", évoquant l'existence d'un "pacte secret" entre Paul Biya et son prédécesseur Ahmadou Ahidjo. L'auteur du livre prétendait que ce pacte, asujettissant l'actuel chef de l'Etat à Ahmadou Ahidjo, aurait été scellé "par un acte homosexuel." Jugé diffamatoire par les autorités, ce livre a été interdit en 2001. Journaliste particulièrement militant, Jean-Bosco Talla est dans le collimateur des autorités. Fin juin 2009, il s'était plaint de recevoir des menaces de mort anonymes, quelques jours après la publication d'un rapport du CCFD auquel il avait collaboré, sur les biens mal acquis par Paul Biya. Reporters sans frontières rappelle qu'un autre journaliste est actuellement détenu au Cameroun. Depuis le 26 septembre 2008, Lewis Medjo, directeur de publication de l’hebdomadaire La Détente Libre, est incarcéré à la prison centrale de Douala. Accusé de "propagation de fausses nouvelles" pour avoir publié un article sur une manœuvre présumée du chef de l'Etat pour contraindre le premier président de la Cour Suprême à prendre sa retraite anticipée, le journaliste a été condamné, le 7 janvier 2009, à trois ans de prison ferme, assortis d’une amende de deux millions de francs CFA (plus de 3 000 euros). Au Cameroun, le gouvernement maintient toujours dans le code pénal des articles qui répriment durement les délits de presse. La publication d’un article jugé diffamatoire peut valoir à son auteur ou au responsable de publication une peine pouvant aller jusqu'à plusieurs années d'emprisonnement.
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Updated on 20.01.2016