Reporters sans frontières exhorte le gouvernement soudanais à ordonner la levée des mesures de censure imposées à la presse privée de Khartoum depuis le 6 février 2008, dont la mise en pratique a été durcie ces derniers jours, avec la saisie de trois journaux le 15 avril et l'interdiction de paraître de cinq quotidiens le lendemain.
Reporters sans frontières exhorte le gouvernement soudanais à ordonner la levée des mesures de censure imposées à la presse privée de Khartoum depuis le 6 février 2008, dont la mise en pratique a été durcie ces derniers jours, avec la saisie de trois journaux le 15 avril et l'interdiction de paraître de cinq quotidiens le lendemain.
"Cette vague de censure est la plus grave violation de la liberté de la presse depuis la signature de l'accord de paix de 2005, censé abolir les lois d'exception. La surveillance de la police politique imposée aux rédactions est insupportable et illégale. Il est du devoir du gouvernement d'union nationale de mettre un terme à cette situation. La presse, qui est sans doute ce que le Soudan moderne a de meilleur, est punie sans justification et en violation de la Constitution", a déclaré l'organisation.
Le 13 avril 2008, le National Security Service (NSS, service de renseignements intérieurs) a ordonné, par téléphone, aux rédacteurs en chef de dix quotidiens, de lui soumettre désormais leur prochaine édition, dans le cadre de la censure rétablie illégalement par le gouvernement le 6 février. Cette mesure est entrée en vigueur le lendemain, mais les responsables des dix journaux ont refusé de s'y plier et ont envoyé leurs éditions directement à l'impression. La police est alors intervenue à l'imprimerie des journaux et a saisi les exemplaires des quotidiens privés Ajras al-Huriyya, Rai al-Shaab et Al-Ayyam.
Le lendemain, les quotidiens Al-Sudani, Al-Ahdath, Ajras al-Huriyya, Rai al-Shaab et le quotidien anglophone The Citizen ont été saisis par la police, après que plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires avaient déjà été imprimés. Les quatre quotidiens arabophones avaient été prévenus de ne pas rendre compte de la conférence de presse, organisée la veille par la direction d'Ajras al-Huriyya, pour dénoncer les mesures de censure préalable imposées par la sécurité nationale, a expliqué un journaliste local à Reporters sans frontières.
Le 6 février, le gouvernement soudanais a décidé de rétablir la censure pour les médias privés, après que ceux-ci avaient plusieurs fois évoqué le soutien que Khartoum a apporté aux rebelles tchadiens dans leur offensive contre N'Djamena. Le 6 mars, un responsable anonyme du NSS a confirmé à l'agence Reuters que la censure préalable était de nouveau “temporairement” en vigueur, confirmant les soupçons de la presse de Khartoum, confrontée depuis un mois au harcèlement de la police politique. Ce jour-là, les agents du NSS ont fait irruption dans des rédactions pour vérifier le contenu des éditions avant leur impression.