Semaine noire pour la liberté de la presse

En une semaine, un photographe et le directeur d'une radio ont été tués, un présentateur a échappé à une tentative d'assassinat, un reporter a été menacé de mort et deux journalistes ont été inquiétés par des militaires au cours d'un reportage. Reporters sans frontières demande l'adoption de nouvelles mesures pour lutter contre ces violences.

Un photographe et le directeur d'une radio tués, un présentateur qui échappe à une tentative d'assassinat, un reporter menacé de mort et deux journalistes inquiétés par des militaires au cours d'un reportage : c'est le lourd bilan d'une semaine noire pour la liberté de la presse aux Philippines. Reporters sans frontières est indignée par la vague d'exactions qui touche actuellement les journalistes philippins. Dans une lettre adressée à la présidente Gloria Arroyo, l'organisation demande "l'adoption de nouvelles mesures pour lutter contre la violence qui touche la presse. Les méthodes actuelles d'investigation de la police semblent inefficaces. La justice est également trop lente à juger les rares assassins de journalistes arrêtés", a écrit Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. A ce jour, dix journalistes philippins ont trouvé la mort en 2004. Reporters sans frontières rappelle que ce pays est le plus dangereux au monde pour les journalistes après l'Irak. Le 15 novembre 2004, Herson Hinolan, commentateur et directeur de la station Bombo Radyo dans la ville de Kalibo, sur l'île de Panay (Centre), est mort à l'hôpital des suites de ses blessures. Deux jours auparavant, il avait été touché de sept balles dans l'abdomen et aux bras alors qu'il était sorti le soir avec des amis. Ces derniers ont été épargnés. L'inconnu qui a tiré sur Herson Hinolan n'a pas été appréhendé. Le motif de cet assassinat n'est pas connu, mais le directeur de la rédaction de la station, Ernie Zamboang, a estimé qu'il pouvait être lié au travail du journaliste. Dans son émission quotidienne "Bombohanay Bigtime", Herson Hinolan, mieux connu sous le surnom de "Bombo Boy", avait dénoncé les jeux d'argent illégaux et la protection apportée aux trafiquants par certains militaires. Immédiatement après le meurtre de Herson Hinolan, le reporter Joven Anisco, également employé de Bombo Radyo, a été menacé par des inconnus de subir le même sort que son collègue. Le 13 novembre, la voiture d'Eric Tenerife, présentateur de la chaîne câblée Progressive Channel à Bacolod City, sur l'île de Negros (Centre), a été visée par trois coups de feu. Le journaliste venait de rentrer chez lui avec sa famille. Il s'en est tiré indemne. La veille, le photographe de l'agence Mindanews, Gene Boyd Lumawag (photo), a été abattu par un tireur isolé sur l'île de Jolo, au sud des Philippines. Les militaires ont accusé le groupe islamiste Abu Sayyaf d'être l'auteur de ce meurtre. Le 16 novembre, la police a arrêté et interrogé deux suspects. Enfin, le 11 novembre, Paul Palacio, reporter de la chaîne ABS-CBN TV5, et son cameraman, Loloy Cagayan, ont été empêchés de travailler par des soldats qui ont notamment tiré plusieurs coups de feu en leur direction. Ils s'étaient rendus à Cotabato City sur l'île de Mindanao, pour tourner un reportage près d'un quartier général militaire. Les journalistes ont annoncé qu'ils allaient porter plainte. Face à cette vague de violence, l'Union nationale des journalistes philippins a appelé à une journée d'action nationale, le 17 novembre. Reporters sans frontières s'associe aux actions de protestation des journalistes philippins.
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Updated on 20.01.2016