Sans attendre une décision de justice, le ministère de l'Information ferme un site Internet : Reporters sans frontières demande des explications
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Reporters sans frontières condamne la fermeture soudaine du site Internet du magazine d'informations Fah Diew Kan (www.sameskybooks.org), accusé de "lèse-majesté" par le ministère de l'Information et de la Communication.
"Cette fermeture relève de la censure la plus directe. Une telle affaire devrait se régler devant les tribunaux. Que reprochent les autorités à ce site Internet ? Fah Diew Kan publiait des articles provocateurs, mais cela ne justifie pas une telle mesure. Nous demandons au ministère de l'Information de nous fournir les motivations de sa décision et rappelons que la liberté d'expression est garantie par la Constitution thaïlandaise (art 39)", a déclaré l'organisation.
Fah Diew Kan est un magazine critique à l'encontre de la monarchie. Son site Internet permettait notamment aux Internautes d'y commenter les articles publiés. Pour son rédacteur en chef, Thanapol Eawsakul, il était "l'un des seuls sites Internet à publier ces remarques".
L'hébergeur du site, Otaro Co, a envoyé une lettre à Thanapol Eawsakul, le 4 janvier 2008, pour lui annoncer la fermeture de son site le 5 janvier. L'entreprise a expliqué qu'héberger un tel site était dangereux pour elle et pour les autres sites dont elle porte la responsabilité.
En 2006, Fah Diew Kan avait déjà fait l'objet d'une plainte pour "désordre public et atteinte aux 'standard moraux' " de la part des autorités, en vertu du Press Act de 1944. Depuis, il était régulièrement sommé de retirer certains commentaires figurant sur son forum. Cette procédure est toujours en cours et Thanapol Eawsakul a fait appel.
La fermeture de Fah Diew Kan est considérée comme illégale en Thaïlande et certains qualifient cet acte de "cyberterrorisme" car il tient un rédacteur en chef pour seul responsable des commentaires publiés sur son site Internet.
Par ailleurs, Reporters sans frontières rappelle que, depuis le 18 juillet 2007, une nouvelle loi sur la cybercriminalité est entrée en vigueur, qui réduit sensiblement la liberté d'expression sur Internet. Les fournisseurs d'accès sont tenus de conserver les informations individuelles des internautes durant 90 jours et les autorités peuvent vérifier ces informations sans aucun contrôle judiciaire. Le blogueur Praya Pichai a ainsi risqué jusqu'à dix ans de prison en septembre 2007 en vertu de cette loi. Il reste sous surveillance des autorités pendant les dix années à venir.
Publié le
Updated on
20.01.2016