Sanctions contre des journalistes et des intellectuels réformistes
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En novembre 2004, six célèbres commentateurs politiques ont été interdits de publication dans la presse d'Etat par le Département de la propagande. Les autorités ont également restreint la couverture par les médias du rôle des intellectuels dans le développement de la Chine populaire. Enfin, le journaliste Wang Guangze a été licencié, sous la pression des autorités.
Alors que le Premier ministre Wen Jiabao se rendra le 8 décembre prochain aux Pays-Bas pour le sommet Union européenne - Chine, Reporters sans frontières attire l'attention de la délégation européenne sur cette nouvelle vague de censure et de répression. La crédibilité de la politique de réformes du gouvernement de Wen Jiabao est mise à mal par ces sanctions d'un autre âge qui tentent d'écarter les voix libérales de la vie politique.
L'organisation rappelle que 25 journalistes et 62 cyberdissidents sont emprisonnés en Chine populaire.
Au début du mois de novembre 2004, le Département de la propagande du Parti communiste chinois (PCC) a ordonné aux médias officiels de ne plus publier les articles de six commentateurs politiques réformistes. Parmi eux, on trouve Jiao Guobiao, connu pour ses appels à abolir le Département de la propagande et organiser des élections libres. Ce professeur réputé a également vu, en septembre, son cours annulé par une université de journalisme de Pékin, sous la pression des autorités.
Selon le China Information Centre, les cinq autres commentateurs sur la liste noire sont un membre historique du PCC, Li Rui, deux écrivains et éditorialistes politiques, Wang Yi et Yu Jie, le directeur du Tianze Economic Research Institute, Mao Yushi, et un défenseur des droits des paysans dans la province du Hubei (Est), Yao Lifa.
Cette décision intervient dans le cadre d'une lutte du Département de la propagande contre les intellectuels réformateurs en Chine. L'expression d'"intellectuels publics", qui renvoie aux intellectuels inquiets du sort des plus déshérités et qui s'engagent publiquement pour défendre la justice sociale, est désormais interdite dans la presse d'Etat.
Enfin, Wang Guangze, du bihebdomadaire Ershiyi shiji jingji baodao (The 21st Century Business Herald), a été licencié le 23 novembre dernier, à son retour des Etats-Unis. Le journaliste avait été invité par le Trinity College au Connecticut à participer à un séminaire sur l'éthique et les nouvelles technologies. Il s'y était rendu avec l'aval des autorités. Wang Guangze, 32 ans, a prononcé un discours intitulé "Le développement et les évolutions possibles de l'écologie politique en Chine à l'époque d'Internet". Ce discours démontrait comment Internet transforme actuellement le paysage politique et la société civile, en dépit des contrôles exercés par le pouvoir.
Dès son retour, le journaliste a appris son licenciement pour avoir été "absent" et fourni, au cours des deux derniers mois, "un travail de pauvre qualité" pour la rédaction de ce journal publié par le groupe de presse Nanfang Daily. Cité dans le quotidien de Hong Kong South China Morning Post, Wang Guangze a pourtant déclaré qu'on lui avait promis une promotion au sein de la rédaction, avant son départ pour les Etats-Unis. " Les autorités ont appris à employer de nouvelles techniques, plus sophistiquées et très efficaces, pour contrôler la presse ", a-t-il ajouté.
En 1999, le journaliste avait déjà été licencié du Quotidien de la loi pour avoir défendu l'épouse d'un dissident démocrate. Il était resté quatre ans sans travail.
Publié le
Updated on
20.01.2016