Le gouvernement a adopté de nouvelles réglementations qui limitent la libéralisation des médias. Ces régulations sont contraires aux principes de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dont la Chine est membre depuis 2001. Reporters sans frontières demande aux Etats membres de l'OMC de se saisir de cette question afin que la Chine cesse son contrôle excessif sur les médias.
Alors que la Chine est membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis 2001, le gouvernement vient d'adopter une série de régulations totalement contraires aux principes de l'organisation. Reporters sans frontières déplore l'adoption de ces réglementations qui mettent en danger la libéralisation des médias chinois.
"Il y va de la crédibilité de l'OMC d'obtenir un changement de la politique chinoise vis-à-vis des médias. Nous appelons les pays membres, notamment les Etats-Unis où le président Hu Jintao doit se rendre dans les prochains jours, à se saisir de cette question cruciale au sein de l'OMC. Le secteur des médias doit être inclus dans le prochain round de négociation entamé à Doha. Ce renforcement du protectionnisme est une stratégie très claire pour mieux contrôler le contenu des médias. C'est une nouvelle atteinte à la liberté de la presse », a déclaré Reporters sans frontières.
Le 13 avril, l'agence de presse officielle Xinhua a confirmé que l'Administration générale de la presse et des publications (GAPP) allait renforcer ses contrôles sur les publications étrangères illégales et geler l'attribution de licences de publication à des joint-ventures dans le secteur des médias. Selon les autorités, des journalistes non accrédités ont lancé des médias qui perturbent le marché et ont un « impact négatif sur la population ». Selon la GAPP, plusieurs publications (China Art Circle dans la province du Hebei et China News dans la province de Kiangsu) ont été fermées cette année pour activités illégales. Le 16 mars, la section de la GAPP à Heilongjiang aurait fermé les bureaux du journal China Business, enregistré à Hong Kong. Selon Xinhua, les responsables de ces publications illégales et d'un réseau de distribution de fausses cartes de presse vont être poursuivis en justice. Les autorités n'ont pas précisé si des journalistes avaient été arrêtés.
Le gouvernement confirme ainsi qu'il n'accorde plus de licences à des projets de magazines financés par des groupes de presse étrangers. Auparavant, les entreprises étrangères qui souhaitaient se lancer sur le marché chinois pouvaient s'associer à des sociétés locales. Les publications scientifiques et technologiques ne sont pas concernées par cette nouvelle régulation.
Les magazines qui paraissent déjà en chinois dans le pays, tels qu'Elle, Newsweek ou FHM, ne devraient pas être concernés par cette réglementation. En revanche, en mars, la compagnie shanghaienne éditrice de la version chinoise du magazine de musique Rolling Stone s'est vue ordonnée de cesser ses activités. Cette nouvelle politique de l'Administration générale de la presse et des publications vise à augmenter les ventes à l'étranger des revues chinoises et à réduire l'afflux de titres étrangers. Les autorités chinoises s'inquiètent également de l'impact social de ces revues occidentales sur la population.
L'Administration d'Etat pour la radio, les films et la télévision (SARFT) a de son côté ordonné aux chaînes de télévision chinoises, le 11 avril, de ne pas utiliser les images produites par des organes de presse internationaux, accusées de corrompre l'opinion publique. Selon les autorités, les chaînes doivent recourir aux images produites ou agréées par les agences chinoises autorisées, notamment CCTV. Les autorités en profitent pour accuser certaines agences de presse internationales d'avoir vendu des images (...) avec des intentions politiques claires. La SARFT en appelle à plus de « discipline politique ».
Cette régulation date de 2002, mais elle était de moins en moins appliquée par les chaînes. Ainsi, trois chaînes de Shanghai ont utilisé au cours des dernières années des images des agences de presse AP et Reuters.
Cette réglementation contredit les engagements de la Chine populaire sur l'ouverture du marché des services audiovisuels auprès de l'OMC (accords de novembre 2001).
La SARFT a également annoncé que les responsables locaux allaient être chargés de contrôler le contenu des séries télévisées. Les scripts devront être validés tous les mois, afin d'empêcher des erreurs sur des sujets politiques et historiques.
Cette nouvelle régulation intervient après l'interdiction de l'émission Supergirl, copiée sur le modèle de la Star Academy, diffusée par une télévision de la province du Hunan. Selon le China Daily, ce programme illustre les perversions d'une démocratie non préparée car les téléspectateurs pouvaient voter pour leur candidat préféré.