Séquence cauchemardesque pour les médias au Bélarus, qui porte à 24 le nombre de journalistes détenus

Au lendemain du détournement du vol Ryanair Athènes-Vilnius ayant permis l’interpellation du journaliste et activiste Raman Pratassevitch, le président Alexandre Loukachenko a promulgué des amendements à la loi sur les médias qui renforcent la répression.

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Le détournement d’un avion pour arrêter un journaliste à la demande d’un dictateur a provoqué une sidération mondiale. Cet événement inédit s’inscrit dans une séquence d’aggravation de la répression du journalisme au Bélarus qui a connu de nouveaux développements au cours des 24 dernières heures. Ce lundi, le chef de l’Etat Alexandre Loukachenko a signé plusieurs amendements à la loi sur les médias, qui entreront en vigueur dans un mois. Ces dispositions ont pour vocation de servir de vernis légal aux exactions de la police : les journalistes couvrant des événements non autorisés seront désormais considérés comme des participants, la diffusion en direct sur Internet (live broadcast) sera interdite comme la publication de sondages par des organes non accrédités. 


Selon ces nouveaux textes, la liste des motifs de refus d’accréditation ainsi que celles des informations interdites de diffusion dans les médias sont allongées. Cela concerne y compris les liens hypertextes vers des messages ou des documents dont la diffusion est interdite (vers la chaîne Telegram Nexta par exemple car elle est qualifiée d'"extrémiste", ou vers des propos de la principale opposante au régime, Sviatlana Tsikhanouskaïa). Idem pour toute diffusion de message pouvant porter atteinte aux intérêts nationaux, définis par le pouvoir, ou la censure des sites dits "miroirs" (présentant le même contenu qu'un autre site web).


"Le détournement de l’avion de Ryanair est l'événement le plus spectaculaire de la guerre livrée par le président Loukachenko au journalisme, laquelle est entrée dans une séquence cauchemardesque, déclare le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire. Nous condamnons avec indignation cet acte de piraterie aérienne, qui relève de la perfidie d’État et exigeons la libération immédiate de Raman Pratassevitch. Nous demandons que soient sanctionnés les responsables de cet acte inouï intervenu dans le ciel européen, en violation du droit international." 


24  journalistes sont détenus au Bélarus


Pas moins de 24 journalistes sont actuellement détenus de manière arbitraire au Bélarus. La semaine dernière, le 18 mai, le média en ligne indépendant TUT.BY, le plus populaire du pays a été visé par des perquisitions et 10 employés du site d’information ont été arrêtés et sont toujours en détention. Les dirigeants de TUT.BY sont accusés de fraude fiscale, des accusations fabriquées de toutes pièces, dénoncées par RSF. 


Le Bélarus occupe la 158e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2021 de RSF.

Publié le
Updated on 16.07.2021