RSF rend hommage à Mohammad Qasim Akhgar, journaliste et figure emblématique de la résistance démocratique afghane

C'est avec une profonde tristesse que Reporters sans frontières a appris le décès, le 28 janvier 2014, de Mohammad Qasim Akhgar, journaliste et fondateur du prestigieux quotidien 8 sobh (8 heures du matin), lauréat du prix Reporters sans frontières pour la liberté de la presse en 2012. Agé de 62 ans, l’intellectuel afghan est décédé des suites d'une longue maladie, à Kaboul. Connu pour ses combats contre l’occupation soviétique puis contre l’intégrisme islamique et l’obscurantisme des taliban, le journaliste était un ardent défenseur de la démocratie, la justice et la liberté d’expression. Mohammad Qasim Akhgar était l’un des symboles de la résistance démocratique dans son pays. “Mes écrits ont été censurés et détruits pour la première fois par le régime soit disant démocratique de l’Union soviétique, puis en Iran, lorsque j’avais été contraint à exil par les Gardiens de la révolution. Enfin, pendant la guerre civile entre les Moudjahidin. Mais j’ai toujours continué à écrire”, avait-il déclaré à Reporters sans frontières en 2011. "C’est une véritable icône de la liberté d'expression qui vient de disparaître. Nous présentons nos plus sincères condoléances à sa famille et à tous ses confrères et adressons un message de soutien tout particulier à ses proches", déclare Réza Moïni, responsable du bureau Iran-Afghanistan. En juin 2011, au cours d’une mission d’investigation, des représentants de Reporters sans frontières avaient été reçus par “maître Akhgar”, au siège de son journal. Afin de rendre hommage à ce journaliste et ardent défenseur de la liberté d'information, l’organisation publie un extrait de l’entretien qu’il avait accordé à ses représentants: “Le devoir et les objectifs de 8 sobh ont toujours été clairs. Nous nous sommes engagés pour la paix et la démocratie. Entre la menace des taliban et la pression du gouvernement, nous nous devons de résister pour donner l’exemple aux intellectuels et surtout à la plus jeune génération. Nous restons critiques à l’égard du gouvernement et des étrangers et défendons notre indépendance. Nous sommes en faveur de la paix mais la proposition du président Karzai aux taliban pour l’atteindre est honteuse, pour ne pas dire une trahison. La paix avec les taliban dans les conditions énoncées n'a aucune signification. C'est une reddition, une soumission au règne des taliban; nous ne voulons pas de ça. Nous avons des positions claires sur les libertés et les droits fondamentaux. Nous n’acceptons pas une banalisation de ces droits. Par exemple, les droits des femmes tels que définis par le gouvernement sont un vaste mensonge. Quand on voit qu’aucun des responsables du pays n’est accompagné de sa femme lors d’un déplacement officiel, et notamment M. Karzai lui-même, on comprend qu’il n’est pas sincère. Mais il faut être sincère pour défendre les droits de l'homme et la démocratie. Ces deux notions ne signifient rien sans la participation du peuple. Une partie du pouvoir parle de démocratie mais ne souhaite pas la participation du peuple. Pour cette frange, le peuple est constitué de sculptures sans conscience. Si eux cherchent à construire davantage de sculptures, nous nous cherchons à construire l’État-Nation. Pour notre journal et ses contributeurs, la question essentielle est l'élection démocratique, qui doit être libre et doit rencontrer la participation consciencieuse des électeurs. Notre journal a choisi d'informer le peuple afin qu’il puisse savoir et choisir consciencieusement.” Plus d’informations sur 8 sobh : ici
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Updated on 20.01.2016