RSF préoccupée par les mesures prises par la radio publique finlandaise Yle à l’encontre de deux journalistes

Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète que des décisions récentes prises par la direction de la radio publique finlandaise Yle aient conduit deux journalistes chevronnés à démissionner mercredi 14 décembre 2016. La couverture par la radio d’un possible conflit d’intérêts touchant le Premier ministre Juha Sipila fait craindre que Yle ait pu céder face à des pressions politiques constitutives d'entraves à la liberté de l'information.

Il est désormais clair que la radio Yle a procédé à quelques ajustements dans sa couverture des informations relatives aux investissements du gouvernement dans une société minière dont la famille du Premier ministre détient des parts.

Le gouvernement du Premier ministre Sipila a en effet récemment accordé des fonds publics à une société minière afin de lui éviter la faillite.


Au début de l’affaire, Yle a fait état d’un possible conflit d’intérêts touchant le Premier ministre. Mais la couverture de l’affaire a changé après que Sipila a transmis quelques instructions à la radio et Yle n’a plus jugé bon de poursuivre ses investigations.


Les deux journalistes démissionnaires, Jussi Eronen et Salia Vuorikoski, ont évoqué pour expliquer leur décision, des divergences d'opinion quant à la liberté d'expression et l'indépendance de la presse.


Jussi Eronen a estimé avoir subi des pressions de ses supérieurs telles qu’il ne pouvait plus travailler en respectant les critères de déontologie du journalisme.

Il a rappelé que le rôle d’un média indépendant est de rechercher de la vérité et non de protéger des hommes politiques contre des informations peu favorables, comme Yle aurait tenté de le faire.


Salla Vuorikoski a dénoncé quant à elle une « politique de prudence » actuellement en vigueur à Yle, qui met un frein au journalisme d’investigation.

Elle avait reçu de nombreux emails rageurs du Premier ministre Juha Sipila au moment de son reportage évoquant un possible conflit d’intérêts. Elle a estimé que le chef du gouvernement avait tenté de l’empêcher de mener à bien son travail et a regretté que la direction de Yle ait pris fait et cause pour des politiques plutôt que de défendre ses journalistes.


RSF restera vigilante quant au travail mené par la rédaction de Yle et préconise qu’une mission d’enquête extérieure soit nommée afin de rendre compte de la situation au sein de la rédaction en toute objectivité.


"En tant qu’institution publique de radiodiffusion, Yle a une position unique dans le paysage médiatique finlandais et doit faire preuve d’exemplarité. Elle a le devoir de fournir aux citoyens finlandais une information de qualité et la responsabilité de contribuer au débat public," déclare Pauline Adès-Mével, responsable du bureau UE-Balkans de RSF.


La Finlande occupe la 1ère place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2016 établi par Reporters sans frontières
Publié le
Updated on 16.12.2016