RSF lance un appel au boycott aux rédactions : pas de voyage sponsorisé en Turquie tant que Mathias Depardon est en détention !

Alors que le journaliste Mathias Depardon est arbitrairement détenu depuis près d’un mois en Turquie, Ankara organise un voyage de presse tous frais payés pour les journalistes français. Soulignant la “cruelle ironie” de cette situation, Reporters sans frontières (RSF) appelle les médias à boycotter ce type de déplacements tant que le photographe n’est pas libéré.

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C’est une véritable opération de charme que lancent les autorités turques. Rendez-vous avec des officiels, visites de camps de réfugiés syriens… Ankara n’épargne pas les efforts pour “partager [sa] vision de la position internationale” de la Turquie avec les journalistes français. La Direction générale de la presse et de l’information, dépendant des services du Premier ministre turc, organise à leur intention un voyage de presse à partir du 10 juin 2017. Une invitation d’une cruelle ironie, alors que le photographe français Mathias Depardon croupit en détention depuis 25 jours en Turquie.


En signe de solidarité avec Mathias Depardon, nous appelons les rédactions françaises à décliner cette invitation et à le faire savoir, déclare le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Si les autorités turques désirent être mieux comprises des journalistes français, qu’elles commencent par relâcher leur confrère incarcéré sans raison depuis près d’un mois !


Basé en Turquie depuis cinq ans, Mathias Depardon a été arrêté le 8 mai au cours d’un reportage dans le sud-est du pays pour le magazine National Geographic. Malgré un ordre d’expulsion prononcé le 11 mai et la promesse du président Erdogan d’“examiner rapidement sa situation”, le journaliste est toujours confiné dans un centre de rétention à Gaziantep, non loin de la frontière syrienne.


RSF appelle les journalistes et rédactions refusant l’invitation des autorités turques à le faire savoir sur les réseaux sociaux en utilisant le mot-clé #FreeMathias.


La Turquie occupe la 155e place sur 180 au Classement 2017 de la liberté de la presse, établi par RSF. Alors qu’une vague de répression sans précédent s’abat sur les médias turcs, plusieurs dizaines de journalistes étrangers ont été expulsés depuis deux ans.

Publié le
Mise à jour le 07.06.2017