Quatre journalistes tamouls originaires du nord du pays ont été convoqués le 28 avril 2015 par la section criminelle de la police de Colombo (Colombo Crime Division, CCD). Quelques jours auparavant, un autre journaliste avait fait l’objet d’une convocation similaire à l’issue de laquelle il a été mis en examen pour "publication de fausses informations".
Reporters sans frontières (RSF) et
Journalists for Democracy in Sri Lanka (JDS) s’inquiètent du retour de certaines pratiques d’intimidations des autorités sri lankaises à l’encontre des journalistes tamouls, particulièrement visés au cours des derniers jours. Le 28 avril 2015, les journalistes
Anthony Thevarajan Mark (
Rupavahini Corporation),
Jude Pelistis (
ITN),
Lambert Rosairo (freelance) et
Ponnaia Manikkavasagam (
BBC et
Veerakesari), basés à Mannar et Vavuniya (Nord), ont été convoqués par la section criminelle de la police de Colombo sans qu’aucun motif ne leur soit précisé.
Cette convocation intervient dans un contexte de tension accrue pour la presse tamoule, inquiétée à plusieurs reprises par les autorités. Le 26 avril, le journaliste,
James Joseph Fernando a été
convoqué par la police et interrogé sur des articles publiés dans le quotidien tamoul
Veerakesari, en 2009. L’article en question critiquait les actions du gouvernement en matière de repeuplement dans le nord du pays, alors géré par le ministre dédié au repeuplement, désormais ministre du Commerce et de l’Industrie dans l’actuel gouvernement.
Le 8 avril, la
police de Jaffna a détenu N. Logathayalan, journaliste freelance pour
Uthayan, après la publication d’un article mettant des officiers basés à Jaffna en cause dans une affaire de violence policière. Le journaliste sera déféré devant un juge le 29 mai prochain. Deux autres journalistes ont affirmé avoir été victimes d’agressions par des officiers de police.
“
Cette recrudescence d’actes d’intimidation à l’encontre des journalistes tamouls est inquiétante, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
Alors que les 100 jours de la présidence de Maithiripala Sirisena viennent de passer, les promesses faites pour améliorer la situation de la liberté de la presse sont loin d’être tenues. Nous demandons aux autorités de ne pas retomber dans les travers autoritaires du régime du clan Rajapaksa et de ne pas harceler la presse indépendante, en particulier les journalistes tamouls.”
Le Sri Lanka figure à la 165e place sur 180 pays dans le
Classement mondial de la liberté de la presse 2015 établi par Reporters sans frontières. Au lendemain de l’élection présidentielle du 8 janvier 2015, Reporters sans frontières (RSF) et Journalists for Democracy in Sri Lanka (JDS) avaient
demandé au nouveau président Maithripala Sirisena de mettre fin à la politique de violences à l’encontre des journalistes menée par son prédécesseur Mahinda Rajapaksa et et de lutter contre l’impunité.