RSF et l’Alliance lancent le rapport Spinoza : un usage responsable de l'IA est possible dans les rédactions
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Alors que s’ouvre à Paris le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, Reporters sans frontières (RSF) et son partenaire l’Alliance pour la presse d’information générale (l’Alliance) publient le rapport “SpinozIA, vers un journalisme augmenté et éthique”, restituant les observations et conclusions de l’expérimentation du projet Spinoza, premier outil d’intelligence artificielle (IA) conçu en collaboration avec des journalistes et des éditeurs de presse. Spinoza montre que l’innovation dans les médias est possible, mais qu’elle ne peut s’accomplir qu’en impliquant les journalistes dans le processus et en mutualisant cette innovation technologique entre plusieurs rédactions.
Dans la continuité de la Charte sur l’intelligence artificielle et le journalisme, que RSF a développé avec 16 organisations partenaires et a présenté au Forum de Paris sur la paix en novembre 2023, l’organisation dévoile, en ce jour d’ouverture du Sommet pour l’IA à Paris, le rapport SpinozIA, vers un journalisme augmenté et éthique. Il est le fruit d’une expérimentation menée par RSF avec l’Alliance de la presse d’information générale (l’Alliance) : concevoir le premier outil d’intelligence artificielle en collaboration avec des journalistes et des éditeurs de presse français.
Lire le rapport en intégralité
Ce projet, appelé Spinoza, est né d’une volonté de journalistes et éditeurs de se familiariser avec l’IA générative. Son objectif ? Enrichir le journalisme en s’appuyant sur des bases de données fiables : rapports scientifiques, textes législatifs et plus de 28 000 articles publiés par la presse française depuis 2022. Cette première expérimentation, qui a permis aux journalistes de travailler autour du sujet du changement climatique, démontre qu’une IA éthique, respectueuse des valeurs journalistiques, est non seulement possible, mais nécessaire.
“RSF a à cœur d’ouvrir une voie éthique et responsable, où l’innovation n’implique pas la marginalisation du journalisme. Le projet Spinoza permet cela, en réaffirmant le rôle central des rédactions dans la sélection, la hiérarchisation et la production de contenus de qualité, et l’indiscutable valeur ajoutée des contenus journalistiques dans les systèmes d’intelligence artificielle. Les journalistes et les éditeurs ont le pouvoir de réinventer le journalisme, à condition de lui redonner une souveraineté technologique. Saluons ici l’engagement de l’Alliance, de sa direction et de ses membres, qui ont témoigné de l’intérêt pour ce projet.
"Avec Spinoza, nous prouvons qu'une approche collective, maîtrisée et transparente de l'IA est possible. Notre démarche ouvre une voie entre le rejet et l'adoption aveugle de l'IA, celle d'une innovation responsable au service du journalisme et de l'information.
Le projet Spinoza avait pour ambition de voir s’il était possible de développer des outils d’IA respectueux du droit à l’information et qui permettent d’épauler le travail journalistique sur des sujets denses et techniques comme le changement climatique. Après un développement suivi par un groupe d’éditeurs et de journalistes, le prototype, conçu avec Ekimetrics, a ensuite été mis entre les mains de journalistes testeurs volontaires.
Le rapport SpinozIA, vers un journalisme augmenté et éthique présente la méthode suivie par l’équipe chargée du projet Spinoza pour développer un prototype utile au journalisme, respectueux de ses standards déontologiques. Il est nourri d’une étude sur la perception de l’IA générative par les journalistes. Un panel de 281 journalistes exerçant en France a répondu à un questionnaire conçu avec l’agence Econovia pour qualifier le rapport des journalistes à l’IA.
Le rapport Spinoza en huit informations clés :
- 45 % des journalistes français interrogés par RSF utilisent déjà l’IA générative dans leur pratique professionnelle et 93 % envisagent de l’utiliser.
- Les journalistes voient dans les outils d’IA un moyen de gagner du temps sur des tâches spécifiques, telles que : traduire des documents, générer une retranscription d’entretien, synthétiser des informations ; reformuler du texte ; générer des résumés d’article.
- Le projet Spinoza, lancé en novembre 2023, a réuni plus de 120 médias partenaires issus de 12 entreprises de presse (Actu.fr, EBRA, L’Équipe, La Nouvelle République, La Provence, Le Télégramme, Libération, l’Union, Nice-Matin, PMSO, Sogemedia et Sud Ouest).
- Le projet Spinoza révèle quatre piliers nécessaires pour concevoir un outil de confiance pour les journalistes : aider les journalistes, ne pas les remplacer ; produire des contenus au service de l’intérêt général ; développer l’outil sur la base de cas concrets ; contenir l'algorithme génératif.
- Spinoza rassemble six bases de données : des données scientifiques, des données législatives, des données issues d’organismes publics, des données issues spécifiquement de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), d’autres à caractère journalistique, et enfin des données issues de l’Agence France-Presse (AFP).
- Grâce à la base de données des articles de presse, l’outil Spinoza comble les lacunes des autres sources, comme les rapports scientifiques souvent limités à des régions spécifiques ou inversement décrivant des phénomènes à une échelle très large. Le travail collaboratif a montré la complémentarité et la richesse des contenus journalistiques avec les autres sources de données et leur intérêt pour les outils d’IA générative.
- La publication du rapport est l’une des premières étapes de l’ouverture du projet. Afin de garantir une adoption large et collaborative, le code du projet Spinoza sera ensuite publié en open source. Cette ouverture permettra aux journalistes et développeurs de personnaliser et d’adapter l’outil selon leurs besoins.
- RSF adresse, dans ce rapport, dix recommandations aux médias pour poser le cadre éthique et technique nécessaire pour garantir l’intégrité de l’information dans les systèmes d’IA utilisés en journalisme.
Extraits de paroles d’usagers de Spinoza :
- “Ce qu’il y a de bien avec Spinoza, c’est qu’il est éditorialisé et qu’il ne fait pas le travail à notre place : il sert à faire du journalisme.”
- “Spinoza, c’est un game changer, il nous sert pour améliorer un contenu.”
- “Le fait que les bases de données de Spinoza soient constituées par des journalistes nous incite à faire confiance à l’outil.”
- “Spinoza n’est pas un mauvais remplaçant de journalistes, Spinoza est un bon assistant pour les journalistes.”