RSF demande l'ouverture d'une enquête après le meurtre d'un journaliste au Nicaragua

Plus d’une semaine après l’assassinat du journaliste nicaraguayen Angel Eduardo Gahona, aucune enquête n’a encore été ouverte. Alors que les manifestations et les violences se poursuivent dans le pays, RSF appelle les autorités du Nicaragua à faire toute la lumière sur ce crime et à tout mettre en oeuvre pour garantir la sécurité des journalistes qui couvrent les manifestations sur l’ensemble du territoire.

Le journaliste Angel Eduardo Gahona est l’une des nombreuses victimes de la vague de protestation et de colère qui secoue le Nicaragua depuis le 18 avril. Les confrontations entre les manifestants- dont une majorité d’étudiants- et la police, accusée d’usage excessif de la force, ont fait au moins 48 disparus et 42 morts selon le Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh).


Agé de 42 ans, le directeur du journal El Meridiano qui était aussi correspondant du Canal 6 Nicaragua, Angel Eduardo Gahona, a été brutalement abattu le 22 avril d’une balle dans la tête alors qu’il diffusait en direct sur Facebook Live un reportage sur les manifestations dans la ville côtière de Bluefields, dans le sud du pays. L’auteur du tir est inconnu, mais selon des journalistes de La Prensa, au moment des faits, seule la police et les forces anti-émeute étaient armées.


Plus d’une semaine après ce meurtre, Migueliuth Sandoval, l’épouse du journaliste et son fils ont expliqué dans une interview à Univision, n’avoir encore eu aucune nouvelle des autorités locales qui ne l’ont jamais contactée. Par contre, elle a reçu des menaces destinées à la dissuader de continuer d’exiger la vérité sur la mort de son mari, qui avait décidé de diffuser ses reportages sur Facebook live, les chaînes locales ayant été suspendues par le gouvernement.


“ Ce n’est pas en réduisant les journalistes au silence ou en censurant les médias que les manifestations vont cesser au Nicaragua, déclare Emmanuel Colombié, responsable Amérique latine de RSF. Il est incompréhensible que les autorités nicaraguayennes n’aient pas encore ordonné l’ouverture d’une enquête sur le meurtre d’Angel Eduardo Gahona. Pour sa famille comme pour l’ensemble de la presse au Nicaragua, justice doit être rendue et les auteurs de ce crime odieux doivent être identifiés au plus vite pour ne pas encourager de nouvelles violences contre la presse. Dans cette période mouvementée, il est de la responsabilité des autorités de tout mettre en oeuvre pour garantir la garantir la sécurité des journalistes et permettre une couverture indépendante des événements qui secouent le pays.


L’Institut nicaraguayen des télécommunications (Instituto Nicaragüense de Telecomunicaciones -Telcor) a par ailleurs ordonné la suspension des fréquences de quatre chaînes de télévision: Canal 100% Noticias, Canal 12, Canal 23 et Canal 51 qui couvraient sur les manifestations. Une tentative de censure d’Etat dénoncée par la Commission interaméricaine des droits de l’Homme de l’OEA, dès le 24 avril.


En outre, plusieurs attaques informatiques, revendiquées par le collectif Anonymous, contre des médias officiels et proches de l’administration du président Daniel Ortega, ont été constatées dans le pays depuis le début des manifestations.


Le Nicaragua est classé 90ème sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2018 de RSF.

Publié le
Updated on 04.05.2018