RSF demande la libération de Zoulpoukar Sapanov, condamné à quatre ans de prison au Kirghizistan
Actualisation: Le 29 septembre 2017, un tribunal de Bichkek a annulé en appel la condamnation du journaliste kirghize Zoulpoukar Sapanov. Sa peine de quatre ans de prison a été commuée en deux ans avec sursis et il a été libéré à l’issue de l’audience. "Nous nous réjouissons de la libération de Zoulpoukar Sapanov, qui n'aurait jamais dû se trouver derrière les barreaux pour simplement avoir voulu traiter du sujet hautement sensible du pluralisme religieux au Kirghizistan", déclare Reporters sans frontières.
14.09.17 - Le journaliste kirghize Zoulpoukar Sapanov a été condamné à quatre ans de prison pour “incitation à la haine interreligieuse”. En cause, un livre dans lequel il analysait les croyances pré-islamiques des Kirghizes. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une condamnation sans fondement qui doit être cassée en appel.
Le Kirghizistan, qui se targue d’être un îlot de liberté d’expression dans la région, vient d’emprisonner l’auteur d’un livre traitant des croyances pré-islamiques locales. Le journaliste Zoulpoukar Sapanov été condamné le 12 septembre dernier à quatre ans de prison par un tribunal de Bichkek pour “incitation à la haine interreligieuse”. Les juges ont estimé que son ouvrage “minimise le rôle de l’Islam en tant que religion et crée une attitude négative vis-à-vis des musulmans”.
Le livre incriminé, “Kydyr Sanjyrassy”, se présente comme une étude approfondie des croyances pré-islamiques et des anciennes traditions païennes des Kirghizes. Publié à l’été 2016, il a été durement critiqué par des dignitaires religieux kirghizes, prompts à y voir une tentative de déstabilisation ourdie par des puissances étrangères. C’est à leur instigation qu’une enquête a été ouverte contre Zoulpoukar Sapanov sur la base de l’article 299 du code pénal. L’instruction a été menée par le Comité de sécurité nationale (GKNB), qui a perquisitionné le domicile du journaliste en février.
“L’emprisonnement de Zoulpoukar Sapanov constitue un précédent inquiétant pour la liberté d’expression au Kirghizistan, dénonce Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Nous dénonçons cette condamnation et appelons les juges à remettre au plus vite le journaliste en liberté.”
Durant son procès, le journaliste Zoulpoukar Sapanov a critiqué le travail des experts indépendants chargés d’analyser le contenu de son livre, estimant qu’il manquait de sérieux. Il a fait appel de sa condamnation.
La crainte de “troubler la paix sociale” est d’autant plus forte au Kirghizistan que le pays a connu plusieurs vagues de violences, dont la dernière a fait près de 500 morts dans le sud du pays en 2010. Les relations interethniques font depuis longtemps l’objet d’une forte autocensure. Mais l’emprisonnement de Zoulpoukar Sapanov ajoute aux inquiétudes quant aux atteintes à la liberté de la presse, de plus en plus fréquentes à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2017.
Le Kirghizistan occupe la 89e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2017 établi par RSF.