RSF dénonce la censure éhontée de deux sites d’information au Bangladesh

Suite à la diffusion d’une enquête impliquant un membre du gouvernement bangladais, l’accès au site d’information TheJoban a été coupé. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités d’accéder aux demandes de déblocage du média.

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Actualisation

RSF dénonce avec la plus grande véhémence le blocage du site Al Jazeera, rendu à nouveau inaccessible dans l'ensemble du territoire bangladais.

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“Nous n’avons pas été notifié. Notre site a été soudainement bloqué.” Le constat, implacable, est celui de Mashqur Ratul, rédacteur en chef adjoint de TheJoban, un site indépendant qui diffuse des informations essentiellement en bengali. Celui-ci est inaccessible au Bangladesh depuis le 21 mars, après qu’il a publié un article reprenant les éléments d’une enquête initialement diffusée la veille sur le portail d’Al Jazeera. Les deux articles détaillent l’implication présumée du conseiller à la sécurité de la Première ministre du Bangladesh dans la disparition de trois hommes. Suite à la publication, le site d’Al Jazeera a lui-aussi été bloqué.


Dès le 23 mars, l’équipe de TheJoban a envoyé une demande de déblocage à la Commission de régulation des télécoms (Bangladesh Telecommunication Regulatory Commission, BTRC), à ce jour sans réponse. “Ce blocage met clairement notre travail en péril, déplore Mashqur Ratul auprès de RSF. Nous sommes sur le point de perdre nos emplois. Nous voulons simplement travailler librement.” Le gouvernement dément toute obstruction.


“Nous demandons aux autorités de mettre fin à ce cas de censure absolument éhontée en débloquant immédiatement l’accès à TheJoban, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Ce blocage met dangereusement en péril un média indépendant qui contribue à faire vivre la démocratie bangladaise. Surtout, il est symptomatique d’une alarmante dérive du gouvernement de la Première ministre Sheikh Hasina, toujours plus intolérant contre les journalistes qui font leur devoir en enquêtant sur ses membres.”


Nouveau système


Lorsqu’elles voulaient censurer un site en bloquant l’accès, les agences de sécurité bangladaises suivaient jusque-là un semblant de procédure en envoyant des instructions à la BTRC, qui contactait ensuite les fournisseurs d’accès à Internet. Cette fois-ci, c’est le gouvernement qui a directement coupé l’accès aux deux sites quelques heures après la publication des articles indésirables, sans même faire intervenir la BTRC.


Fin février, au prétexte de mener une campagne contre la pornographie et les jeux d’argent sur Internet, les autorités bangladaises avaient ordonné la coupure de somewhereinblog.net, une plateforme de blogs d’information très populaire au Bangladesh. En amont des élections de décembre 2018, le gouvernement avait également ordonné le blocage de 54 sites indépendants ou proche de l’opposition, afin d’éviter la diffusion de “fausses informations”.


Le Bangladesh se situe à la 146ème place sur 180 pays dans le Classement mondial pour la liberté de la presse 2018 de RSF.

Publié le
Updated on 23.08.2019