Le journaliste indépendant
Tourkhan Karimov a été
enlevé, dans la matinée du 28 novembre 2014, devant l’entrée de son immeuble à Bakou. Deux hommes en civil l’ont forcé à prendre place dans une voiture noire.
Remis en liberté deux heures plus tard, il a déclaré avoir été emmené au commissariat du quartier de Nariman pour une “discussion” avec le chef de la police locale.
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L’enlèvement de Tourkhan Karimov par ceux-là mêmes qui sont censés faire respecter l’ordre public est profondément scandaleux, s’indigne Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters sans frontières.
Cette manoeuvre d’intimidation est d’autant plus choquante qu’elle devient une pratique courante chez la police qui use de moyens illégaux pour faire pression sur les voix critiques. Nous réitérons notre profonde inquiétude pour la sécurité des derniers journalistes indépendants en Azerbaïdjan.”
Contactée par la presse peu après l’enlèvement de Tourkhan Karimov, la police du quartier de Nariman a nié le détenir, tandis que le service de presse du ministère de l'Intérieur affirmait qu’il n’avait aucune information.
Correspondant de
Radio Azadliq (service azerbaïdjanais de
Radio Free Europe/ Radio Liberty), Tourkhan Karimov est également un blogueur actif et traite de l’actualité politique de manière satirique sur sa page Facebook suivie par 80 000 internautes. Il affirme que son
interrogatoire portait sur ses activités journalistiques au sein de
Radio Azadliq, les liens du média avec l’étranger, la célèbre journaliste d’investigation
Khadija Ismaïllova, et d’autres sujets similaires. Il a été relâché après qu’on lui a conseillé de ne pas critiquer le gouvernement.
Une
vague de répression sans précédent s’abat depuis plusieurs mois sur les journalistes indépendants, blogueurs et net-citoyens azerbaïdjanais, ainsi que sur les ONG de soutien aux médias. Les interpellations prennent fréquemment la forme de tels enlèvements. Pas moins de treize journalistes et blogueurs, dont le droit à un procès équitable
n’est jamais respecté, sont actuellement incarcérés en lien avec leurs activités d’information.
L’Azerbaïdjan figure à la 160e place sur 180 du
Classement 2014 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. C’est actuellement la plus grande prison pour les acteurs de l’information sur le continent européen.
(photo : Azadliq radiosu - RFE/RL)