RSF condamne la censure du International New York Times
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Le 4 décembre, pour la seconde fois en une semaine, la version thaïlandaise du New York Times a été purgée de son contenu par l’imprimeur local du quotidien. En sixième page, un espace blanc remplace un éditorial du journaliste Tom Felix Joehnk intitulé « La monarchie thaïlandaise et son argent ». L’article mis en cause appelle à la réforme du Bureau de la propriété royale (Crown Property Bureau), l’agence chargée de gérer les biens du roi, qui détient l’un des plus gros conglomérats du pays, mais aussi l’un des plus secrets.
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A la suite du refus de l’imprimeur thaïlandais du International New York Times de publier un article sur les difficultés économiques de la Thaïlande, l’édition locale du quotidien est apparue le 1er décembre 2015 avec un espace vierge en Une.
Dans son édition thaïlandaise du 1er décembre 2015, la Une du International New York Times fait pâle figure. Un espace vierge apparaît en lieu et place d’un article du journaliste Thomas Fuller sur le mal-être économique de la Thaïlande, dont le quotidien a été amputé par son imprimeur local, l’entreprise Eastern Printing PCL. En Une comme à la page six, à la place de l’article, il est précisé : « L’article prévu à cet emplacement a été enlevé par notre imprimeur en Thaïlande. L’International New York Times et son équipe éditoriale n’ont joué aucun rôle dans son retrait ».
L’article en cause, intitulé « Thai spirits sagging with the economy », évoque les difficultés de la junte à relancer l’économie, alors que les militaires avaient promis d’en faire leur priorité lors du coup d’Etat de mai 2014. Il est toujours disponible sur la version en ligne du NYT.
« Nous condamnons vivement la suppression de l’article du International New York Times de l’édition thaïlandaise, nouvel exemple des tabous imposés par la junte à la presse locale et internationale et de l’autocensure généralisée des collaborateurs des médias, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. La politique de répression de l’information doit cesser immédiatement. Cette politique est à l’origine même de certains des problèmes économiques rencontrés par le pays et soulevés par les médias. En empêchant la publication d’analyses économiques, le gouvernement ne fait qu'accroître le problème ; le Premier ministre n’est-il pas familier avec l’effet Streisand ? »
Le 22 septembre dernier, l’édition asiatique du International New York Times avait déjà été censurée par la même entreprise d’impression et n’avait pas pu être publiée dans son intégralité en raison d’un article de 1300 mots sur la santé déclinante du roi Bhumibol et des interrogations sur sa succession, un sujet hautement sensible en Thaïlande.
Les sujets tabous ne manquent pas en Thaïlande, classée 134e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2015. Avec le coup d’Etat militaire de mai 2014, la « sensibilité » sur des sujets touchant de près ou de loin à la politique s’est exacerbée. Le 12 novembre dernier, Reporters sans frontières a publié un rapport d’enquête dressant un état des lieux, un an et demi après le coup d’Etat mené par la junte de Prayut Chan-o-cha. Intitulé « Thaïlande : coup d’Etat permanent contre la presse », ce rapport appelle notamment les autorités thaïlandaises à mettre un terme à l’instrumentalisation du crime de lèse-majesté et à abroger les lois et articles de lois répressifs tels que l’article 112, la loi sur la diffamation criminelle et le Computer Crime Act.
Publié le
Updated on
08.03.2016