RSF condamne l’agression et l’interpellation de plusieurs journalistes français à Bamako

Reporters sans frontières dénonce les interpellations de plusieurs journalistes étrangers et l’agression de l’un d’entre eux, le 8 février 2013 à Bamako. L’incident a eu lieu en marge de l’attaque de la caserne des "bérets rouges", la garde rapprochée de l'ancien président Amadou Toumani Touré, par les "bérets verts", à l'origine du coup d'État du 22 mars 2012. "L’agression et l’interpellation de ces journalistes, ainsi que la confiscation de leur matériel professionnel, constituent une entrave inacceptable à la liberté de l’information. Les “bérets verts” ont délibérément attaqué les journalistes, témoins gênants, pour empêcher la circulation d’images compromettantes pour les nouvelles autorités. Ces exactions doivent cesser immédiatement”, a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de l’organisation. Benoît Tessier, photographe de l'agence Reuters, Julia Delage et Guillaume Hoair de la chaîne BFM TV, étaient présents près de l’entrée de la caserne, au camp de Djicoroni, lorsque les “bérets verts” sont passés à l’assaut, vers 9h30 ce 8 février. Ayant pris des images de l’attaque, les journalistes ont été brutalisés, leur matériel volé ou endommagé, leurs téléphones confisqués, avant d’être conduits "pour leur sécurité" à la gendarmerie où ils ont été gardés pendant plusieurs heures. Ils ont été relâchés vers 13h30. Deux journalistes de TV5 Monde, Guillaume Gouet et Pascal Priestley, ont également été interpellés, mais ils ont été relâchés plus rapidement, ne disposant d’aucune d’image de l’incident. Contacté par Reporters sans frontières, Benoît Tessier raconte: “On était devant le camp d’entraînement du 3e régiment de parachutistes quand les “bérets verts” ont donné l’assaut, alors même qu’il n’y avait que des civils dans la caserne. Pas de “bérets rouges” en vue. On a essuyé des tirs nourris. Julia et Guillaume sont entrés dans le camp pour se protéger. Moi, je suis resté devant, pour prendre des photos de l’attaque. J’ai fini par lever les mains en l’air. Des “bérets verts” sont venus vers moi. Quand ils ont compris que j’étais journaliste et que j’avais des clichés, ils ont essayé de me prendre mon appareil, n’hésitant pas à me donner plusieurs coups de poing. J’ai fini par lâcher l’appareil. Quatre ou cinq hommes armés m’ont escorté, soi-disant pour ma sécurité, vers la gendarmerie. Ils m’ont alors confisqué mon téléphone. Julia et Guillaume ont été amenés une heure plus tard. On a pu contacter l’ambassade de France grâce au portable que Julia avait réussi à garder. On a été libérés, mais sans notre matériel”. Depuis le début de l'intervention militaire au Mali, les journalistes éprouvent de grandes difficultés à accéder à l'information, notamment en zone de combats. Mais les violations de la liberté de la presse sont également devenues endémiques au sud du pays depuis le putsch du 22 mars. Aujourd'hui, alors que les journalistes se trouvaient sur les lieux même des affrontements, les autorités militaires maliennes ont démontré leur volonté d'aveugler les médias internationaux pour ne laisser transparaître que leur communication militaire. Souvent maintenus à distance, parfois malmenés, les journalistes sont victimes des obstacles imposés par les autorités depuis le début de l'intervention au Mali. Les villes libérées restent inaccessibles plusieurs jours après la fin des combats, et les professionnels de l’information sont maintenus loin des lignes de front. Fin janvier, les médias internationaux ont également reproché aux autorités françaises de n'autoriser que des journalistes français à embarquer avec les troupes. Plus d'information sur les difficultés rencontrées par les journalistes dans la couverture du conflit malien. Photo : Soldats maliens (AFP Photo - Issouf Sanogo)
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Updated on 20.01.2016