RSF apporte son soutien aux médias indépendants serbes victimes d’attaques répétées

Alors que les autorités serbes sont entrées dans une phase particulièrement sévère de répression et d’intimidation des journalistes, les associations de journalistes de Serbie ont lancé un appel pour dénoncer ce climat délétère, créé dans le but de faire taire les voix dissidentes. Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités serbes à cesser leurs manoeuvres d’intimidation à l’égard de certains médias indépendants.

Le 19 septembre dernier, Vukasin Obradovic s’est enfermé dans les bureaux de l’hebdomadaire serbe qu’il dirige et a entamé une grève de la faim pour dénoncer “l’absurdité de la lutte pour la liberté de la presse qu’il mène” dans son pays depuis 30 ans.


Vukasin Obradovic est un journaliste reconnu. Ancien président de NUNS, l’association des journalistes serbes de 2010 à 2017, il a reçu de nombreux prix pour son travail d'investigation. Les autorités venaient de contraindre son journal Vranjske Novine, l’un des hebdomadaires les plus respectés du pays, en faillite, sans soutien financier ni revenus publicitaires, à fermer ses portes.


Dépendant majoritairement de subventions publiques pour subsister, les médias critiques envers le président serbe, Aleksandar Vucic, se voient imposer par les autorités des critères financiers de plus en plus drastiques, dans le seul but de les faire taire.


Le gouvernement serbe a publié récemment la liste des projets pour lesquels Novine Vranjske avait bénéficié de subventions publiques, laissant entendre, selon les associations de journalistes, que quiconque reçoit des fonds publics devrait s’abstenir de critiquer l’action gouvernementale.


“Il est fondamental que les autorités serbes condamnent des attaques ciblées contre certains médias comme c’est le cas de Novine Vranjske et qu’elles veillent à ce que toutes les publications soient traitées de façon équitable,” déclare Pauline Adès-Mével, responsable du bureau UE-Balkans de RSF.


Au même moment, le site d’investigation KRIK et son rédacteur en chef Stevan Dojcinovic ont été l’objet de violentes attaques de la part d’un des partis de la coalition au pouvoir, le Mouvement des socialistes, et de certains médias proches du Premier ministre après la publication d’articles concernant les conditions dans lesquelles le ministre de la Défense, Aleksandar Vulin avait acheté son appartement.


Mécontent de l’article, le ministre serbe de la Défense a publiquement traité le journaliste de « toxicomane et grand ennemi de l’État », sans pour autant démentir les informations ni justifier la provenance de l’argent ayant servi à l’achat de l’appartement.


Menaces, chantage, contrôles fiscaux... RSF dénonce ces campagnes d’intimidation dirigées contre des médias d’opposition qui visent à débarrasser le pouvoir des publications qui le gênent, ajoute Pauline Adès-Mével.


Aujourd’hui, les médias indépendants tentent de s’organiser pour attirer l’attention du public et de la communauté internationale. Plusieurs associations de journalistes serbes ont lancé cette semaine un appelaux organisations internationales afin qu’elles dénoncent publiquement les atteintes à la liberté de la presse en Serbie.


Les autorités utilisent toutes les institutions d’État et les médias progouvernement pour réprimer les médias et journalistes ‘inadéquates”, explique le communiqué des associations, qui exhortent les organisations internationales à cesser d’ignorer les graves problèmes que rencontrent les journalistes serbes et à prendre part à la protection des valeurs démocratiques qu’elles défendent.


La Serbie est classée 66e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2017 de Reporters sans frontières.

Publié le
Updated on 28.09.2017