Manifestations anti-corruption en Serbie : RSF demande la justice pour l’agression d’au moins 12 journalistes
Les journalistes, régulièrement cibles d’attaques physiques, sont en première ligne de la violence des forces de l’ordre et des sympathisants du président de la République, Vučić, en marge des manifestations contre la corruption embrasant la Serbie depuis novembre. Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités à mettre fin aux violences et à punir leurs auteurs.
Le Premier ministre serbe Milos Vučević, qui a démissionné le 28 janvier, laisse derrière lui un bilan désastreux en termes de sécurité des journalistes : en trois mois, au moins douze journalistes ont été victimes d’agressions physiques en marge des manifestations anti-corruption. Etudiants, lycéens, employés et retraités manifestent presque chaque jour depuis le 1er novembre et la mort de 15 personnes à Novi Sad, la deuxième ville du pays. Tandis que les forces de l’ordre et des militants du parti présidentiel s’efforcent d’entraver la couverture journalistique par tout moyen : violences physiques, mais aussi obstructions et insultes envers des reporters, parfois obligés de fuir pour leur sécurité.
“Douze semaines de manifestations, au moins douze journalistes agressés. Ces violences, qu’elles viennent des forces de l’ordre ou des militants des partis au pouvoir, sont d’inacceptables violations des droits des journalistes qui doivent être sanctionnées sur le plan pénal et disciplinaire. Par ailleurs, les autorités sous la direction du gouvernement, quel qu'il soit, doivent garantir la sécurité des journalistes dans les manifestations à l’avenir.
Le 27 novembre 2024, alors qu’elle couvrait la manifestation anti-gouvernement qui se tenait à Belgrade, Jelena Mirkovic, journaliste pour la chaîne de télévision indépendante N1, a été violentée à deux reprises par des hommes du régime, dont une fois en compagnie de son caméraman, Aleksandar Cvrkuti – ses blessures l’ont conduite à l’hôpital. Et le 26 janvier, alors que la journaliste Danica Ilić essayait d’interviewer le ministre des Finances Sinisa Mali au sortir d’un restaurant à Belgrade, celui-ci lui a arraché le téléphone des mains. Une semaine plus tôt, le 17 janvier, pas moins de cinq journalistes (Darko Eker pour TV Nova S, Dragana Prica Kovačević et Žarko Bogosavljević de Radio 021, Ksenija Pavkov de la chaîne N1 et Aleksandar Latas du quotidien Danas.) ont été agressés par les forces de l’ordre en marge des manifestations à Novi Sad.
Des enquêtes ont été ouvertes par le procureur pour au moins quatre agressions.
Classée 98e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF de 2024, la Serbie n’a jamais été aussi bas depuis la création de cet index en 2002.