RSF appelle OpenAI à ouvrir des négociations collectives avec les médias si elle veut intégrer les données de la presse dans ses produits
En réaction à la plainte déposée par le New York Times, OpenAI affirme publiquement sa volonté de trouver des accords avec des éditeurs de presse pour développer ses produits. Pour Reporters sans frontières (RSF), le développement de l’intelligence artificielle (IA) à travers des partenariats avec les médias doit faire l’objet de négociations collectives avec l’ensemble des médias.
Les contenus journalistiques sont stratégiques pour l’industrie de l’IA, raison pour laquelle l’entreprise, Open IA dirigée par Sam Altman a assuré le 8 janvier 2023 sa volonté de nouer des relations commerciales avec les médias. Mais sans négociations collectives pour garantir les droits des médias dans le déploiement de l’intelligence artificielle, seule OpenAI sortira gagnante d’accords commerciaux contractés pour intégrer des contenus issus de grands groupes médias dans des produits commercialisés par OpenAI.
En effet, grâce aux articles de presse, les concepteurs d’IA peuvent espérer atténuer le défaut principal des grands modèles de langage : leur capacité à créer de fausses informations. Pour faire de son produit phare, le robot conversationnel ChatGPT, l’une des plus importantes portes d’accès à l’information dans les prochaines années, OpenAI a besoin de sources journalistiques sûres. Mais des accords unilatéraux pourraient être à la fois dangereux pour l’économie de la presse et pour le droit des citoyens d’accéder à une information pluraliste avec les services d’intelligence artificielle – car ils risquent de ne concerner qu’une poignée de médias partenaires qui pourraient alors bénéficier d’un immense avantage concurrentiel sur le reste de l’industrie.
“L'IA générative est déjà une concurrente des médias traditionnels et cette tendance va s’accélérer. Des accords unilatéraux avec quelques poids lourds de l’industrie de la presse pourraient déséquilibrer une économie déjà mise à mal par les grandes plateformes. Il y a un besoin de négociation collective avec l’ensemble des médias, considérés comme un tout. Il faut garantir la stabilité économique de l’industrie de la presse et protéger le pluralisme de l’information sur les services d’IA. Cela permettra également aux entreprises de presse d’agir de manière collective face à des mastodontes de la tech qui pourraient transformer des accords unilatéraux en rapports de domination en rendant les médias dépendant à leurs solutions.”
Vincent Berthier
Responsable du bureau technologies de RSF
C’est pour contrer ce risque que RSF a lancé en novembre 2023 le projet Spinoza. Afin de réduire la dépendance des médias aux fournisseurs d’intelligence artificielle, l’organisation a initié ce consortium de médias pour développer des outils IA reposant sur des technologies open source, développés avec des journalistes.