Deux journalistes travaillant sur des sujets sensibles en Italie ont fait l’objet, ces dernières semaines, d’attaques inquiétantes pour la profession. Fervent défenseur des causes environnementales,
Mimmo Carrieri, qui collabore avec le journal en ligne
"Viv@voce", a été agressé lors d’un reportage photo, le 5 juillet dernier. Plus d’une heure durant, il a été brutalisé et insulté par une vingtaine de campeurs.
“Ils m’ont confisqué mon appareil photo et mon portable. C’était atroce”, raconte le journaliste à l’Observatoire sur la liberté de la presse,
Ossigeno per l’informazione.
Mimmo Carrieri, qui dénonce régulièrement les abus dans les zones protégées de la région des Pouilles, a déjà été maintes fois menacé : bateau saboté, lettres de menaces, voiture brûlée. Depuis 2012, le reporter bénéficie d’une protection policière, qui effectue des rondes plusieurs fois par jour autour de son domicile et de son bureau. Mais aujourd’hui, le journaliste, qui se qualifie de “cible mouvante”, estime qu’elle n’est pas suffisante et que sa sécurité doit être renforcée.
Le journaliste
Nello Trocchia est, lui, dans l’attente d’une protection policière depuis près de 50 jours. Le 10 juin dernier, une conversation a été enregistrée en prison entre un des chefs de la Camorra et son frère :
“Je vais fracasser le crâne de ce journaliste”. Cette menace, enregistrée par des gendarmes, vise Nello Trocchia, auteur de plusieurs articles à leur sujet pour le
“Fatto Quotidiano” et
“Espresso”. Ces écoutes, qui laissent sous-entendre que les hommes connaissent tout des faits et gestes du journaliste, ont été directement rapportées au parquet antimafia de Naples. Pourtant, il vit toujours sans la moindre protection. La semaine dernière, plusieurs députés ont affirmé leur soutien au journaliste et ont demandé l’intervention du ministère de l’Intérieur, Angelino Alfano.
“Reporters sans Frontières (RSF) condamne fermement tous types de menaces à l’encontre de ceux qui travaillent pour assurer la liberté d’information, affirme Virginie Dangles, rédactrice en chef de RSF. L’ONG s’indigne qu’aucune mesure n’a été prise pour assurer la protection du journaliste Nello Trocchia et rappelle que les autorités ont le devoir d’agir pour garantir la sécurité des journalistes. Elle
"enjoint le procureur antimafia de Naples à y remédier dans les plus brefs délais et appelle dans le même temps la préfecture de Tarante à étudier la requête de Mimmo Carrieri afin de enforcer sa sécurité”.
Depuis plusieurs mois,
RSF s’inquiète de la violence endémique à l’égard des journalistes en Italie (73e), qui chute de 24 places
au Classement mondial pour la liberté de la presse. De son côté, l’Observatoire sur la liberté de la presse Ossigeno per l’informazione a recensé 421 menaces en 2014, une augmentation de près de 10% par rapport à 2013.