RSF appelle le Japon à cesser d’entraver les déplacements internationaux de ses journalistes

RSF appelle le Japon à rendre immédiatement son passeport au journaliste indépendant Kosuke Tsuneoka et à cesser d’entraver les déplacements à l’étranger de ses reporters, y compris dans les pays en guerre.

Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités japonaises de rendre son passeport au journaliste indépendant Kosuke Tsuneoka et de le laisser se déplacer librement à l’étranger, y compris dans les pays en guerre. Le samedi 2 février, Tsuneoka, 49 ans, a en effet été arrêté par des agents de l'immigration à l'aéroport Haneda de Tokyo alors qu'il tentait de se rendre au Yémen, via le Soudan, pour effectuer un reportage sur les risques de famine causés par plus de quatre années de guerre.


Le journaliste avait alors appris que son passeport avait été révoqué, en vertu d’une réglementation contestable qui autorise le gouvernement japonais à le faire si un de ses ressortissants tente d'entrer dans un pays d'où il a été banni. Le 14 janvier, Tsuneoka s'était vu refouler à l'entrée d’un aéroport du Sultanat d’Oman, d’où il comptait se rendre ensuite au Yémen.


« Il est inadmissible que le gouvernement japonais s’arroge le droit de limiter les déplacements des journalistes, estime Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de RSF, qui rappelle que « sans le courage de reporters comme Tsuneoka, le public japonais serait obligé de s’en remettre aux informations, forcément biaisées, fournies par les belligérants et autres parties prenantes des zones de conflits. »


En 2015, après l’assassinat du journaliste indépendant japonais Kenji Goto par l'État islamique, le ministère des Affaires étrangères japonais avait déjà suspendu le passeport de Yuichi Sugimoto, un photographe indépendant qui cherchait à se rendre en Syrie. Un autre journaliste japonais, Jumpei Yasuda, a été libéré le 24 octobre 2018 après avoir été retenu en otage en Syrie durant trois ans.


Kosuke Tsuneoka est un spécialiste des conflits aux Proche et Moyen-Orient. En 2010, il avait été enlevé et détenu pendant plus de cinq mois en Afghanistan.


Le Japon est classée 67e sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018. Le Yémen, pour sa part, occupe la 167e de ce Classement et reste un des pays les plus dangereux du monde pour les journalistes.

Publié le
Updated on 09.02.2019