Birmanie : le documentariste japonais Toru Kubota condamné à dix ans de prison

Arrêté il y a deux mois, le journaliste a été reconnu coupable de sédition et d’avoir “attisé la peur”. Reporters sans frontières (RSF) exige sa libération immédiate et inconditionnelle, et demande à ce titre aux autorités nippones de faire preuve de la plus grande fermeté avec leurs interlocuteurs birmans pour y parvenir.

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Actualisation - 12 octobre 2022

Le tribunal militaire qui a condamné Toru Kubota à deux peines de sept et trois ans de prison a annoncé, mercredi 12 octobre, que celles-ci allaient se confondre, mais a infligé une peine supplémentaire de trois ans de prison pour avoir enfreint la loi sur l'immigration. De fait, la peine réelle du journaliste reste fixée à dix ans de réclusion criminelle. RSF dénonce une grossière manœuvre de la justice aux mains des généraux birmans et exige la libération immédiate et inconditionnelle du documentariste.

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Le verdict a été rendu dans le plus grand secret. Le documentariste japonais Toru Kubota  a été condamné, ce mercredi 5 octobre, à dix ans de réclusion criminelle par un tribunal militaire, derrière les murs de la prison d'Insein, en banlieue de Rangoun, la principale ville de Birmanie.

Il a été reconnu coupable de sédition, ce qui lui vaut sept ans de prison, et écope de trois années supplémentaires pour avoir violé l’article 505 (b) du code pénal, un texte flou qui punit les tentatives de “causer de la peur ou de l’inquiétude au sein du public”.

“Interpellation abusive, fabrication de fausses preuves, verdict expéditif rendu à huis-clos… Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de Toru Kobuta, dont le traitement est symptomatique du mépris abyssal de la junte birmane pour l’Etat de droit, regrette le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard.

“Les généraux ont pris l’habitude de se servir de journalistes étrangers comme monnaie d’échange dans leurs rapports avec les chancelleries et RSF demande, à ce titre, au ministre japonais des Affaires étrangères, Hayashi Yoshimasa, d’user de la plus grande fermeté pour obtenir la libération du vidéaste.”

Toru Kubota a été arrêté le 30 juillet alors qu’il venait de couvrir une manifestation éclair dans les rues de Rangoun. Dans la foulée de son interpellation, les forces de sécurité birmanes ont diffusé en ligne une photo où l’on voit le documentariste tenir une banderole aux côtés de trois personnes - ce qui aurait nourri l’acte d’accusation du parquet militaire birman. Après vérifications, RSF avait démontré que ce cliché n’avait pu être réalisé que sous la contrainte, après l’arrestation de Toru Kobuta.

Selon le baromètres de RSF, au moins 68 professionnels des médias sont actuellement détenus en Birmanie. Toru Kobuta est actuellement le seul journaliste étranger emprisonné dans le pays. Avant lui, son compatriote Yuki Kitazumi, les Américains Nathan Maung et Danny Fenster, et le Polonais Robert Bociaga sont passés par les geôles birmanes, avant d’être relâchés puis expulsés. 

La Birmanie occupe la 176e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en mai 2022.

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