Le journaliste Sandeep Kothari, qui enquêtait sur des activités de minage illégal, a été retrouvé mort, brûlé, dans le district de Wardha de l’Etat du Madhya Pradesh (centre du pays), le 20 juin dernier. C’est le deuxième assassinat de journalistes en lien avec leurs activités, en deux semaines. Face à ces violencse répétées, Reporters sans frontières appelle le gouvernement fédéral à lancer un plan d’action national de de sécurité et de prévention des risques et des menaces à l’encontre des journalistes.
Selon les autorité locales,
Sandeep Kothari, 40 ans, a été enlevé le 19 juin alors qu’il circulait à moto avec un ami. Le véhicule aurait été percuté par une voiture dont plusieurs occupants seraient sortis pour enlever le journaliste. Interrogé par la presse, l’ancien législateur Kishore Samrite, proche du dossier, a affirmé que Kothari avait écrit des articles pour un quotidien basé à Jabalpur (centre de l’état) et porté plainte contre les mafias “
du sable et du manganèse”. Selon lui, le journaliste était victime de harcèlement judiciaire de la part de membres du crime organisé. Sa famille était également “
tourmentée” par ces mafias.
“
Nous présentons nos plus sincères condoléances à la famille et aux proches de Sandeep Kothari, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
Il est urgent que les autorités prennent toute la mesure des dangers auxquels font face quotidiennement les journalistes d’investigation, les blogueurs et cyberactivistes engagés sur des sujets sensibles tels que celui des mafias locales. Cet assassinat, comme celui de Jagendra Singh, aurait pu être évité si les autorités locales avaient joué leur rôle. Sandeep Kothra était connu pour ses enquêtes sur les groupes mafieux. Sa famille et lui méritaient des mesures de protection policière. Nous appelons le gouvernement indien à lancer un plan national de sécurité pour les journalistes. En s’appuyant sur les nombreuses associations de journalistes qui travaillent sur le sujet, les autorités doivent mettre en place des mécanismes d’alerte et de secours. Elles enverraient ainsi ainsi un message fort en faveur de la liberté de la presse.”
Cet assassinat intervient tout juste deux semaines après celui de
Jagendra Singh, brûlé vif à son domicile. Selon les premiers éléments de l’enquête, ce journaliste aurait été
tué par des policiers pour avoir dénoncé des malversations d’officiels du gouvernement de l’Uttar Pradesh. Dans cette affaire, les menaces à l’encontre du journaliste et de sa famille avaient été rendues publiques avant la mort de ce dernier, sans pour autant déclencher une réaction des autorités.
En 2014, l’Inde a continué d’enregistrer un nombre important de violations de la liberté de la presse, et notamment d’
agressions physiques de journalistes.
Le pays figure à la 136e place sur 180 pays au
Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2015 par Reporters sans frontières.