Depuis le mois de février 2006, Roberto Santana Rodríguez (photo), collaborateur indépendant de Cubanet, est régulièrement inquiété par la Sécurité de l'Etat (police politique) qui le somme d'abandonner ses activités. Reporters sans frontières dénonce ce harcèlement et en particulier le chantage à la loi 88, l'arme légale destinée à faire taire la dissidence
Depuis le mois de février 2006, Roberto Santana Rodríguez, collaborateur indépendant de Cubanet, est régulièrement inquiété par la Sécurité de l'Etat qui le somme d'arrêter d'écrire. Reporters sans frontières dénonce une fois de plus ce chantage à la loi 88 sur l'indépendance nationale et l'économie de Cuba, qui sert d'argument au régime pour condamner les dissidents à de très lourdes peines de prison.
“Nous dénonçons les méthodes insidieuses employées par la Sécurité de l'Etat pour faire taire la presse dissidente. Les convocations officielles, les menaces d'incarcération et les visites inopinées de la Sécurité de l'Etat à domicile sont en ce moment le lot permanent des journalistes dissidents. Le spectre de la loi 88 agité par la police politique à chaque occasion est l'aspect le plus scandaleux de ce genre de manoeuvres, comme si l'existence d'une presse indépendante pouvait menacer l'intégrité d'un pays”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 25 avril 2006, Roberto Santana Rodríguez a reçu la visite surprise, à son domicile de Santiago de las Vegas (quartier de La Havane), des “facteurs” c'est-à-dire du chef de secteur de la police, du secrétaire local du Parti communiste, du coordinateur local du Comité de défense de la révolution et d'un membre de l'Association des combattants. Le journaliste s'est vu notifier qu'il lui était désormais interdit de sortir de chez lui sous peine de représailles. Selon Roberto Santana Rodríguez, cette action intimidante a été orchestrée par la Sécurité de l'Etat qui voulait l'empêcher d'assister à une téléconférence à la Section des intérêts nord-américains où il devait se rendre le jour même.
Roberto Santana Rodríguez avait déjà eu affaire à la police politique. Le 7 avril 2006, il avait été convoqué par le chef de police de son quartier. Lors de cette convocation, il s'était entretenu avec deux officiers de la Sécurité de l'Etat qui lui avaient une nouvelle fois demandé d'abandonner ses activités journalistiques sous peine d'être puni de vingt ans de prison en vertu de la loi 88. Ils avaient aussi évoqué le fragile état de santé de sa mère. La Sécurité de l'Etat a également mené une campagne de discrédit du journaliste auprès de ses voisins en leur demandant de ne plus le saluer. Malgré ces pressions, le journaliste avait affirmé sa volonté de continuer à écrire et informer.
Enfin, le 13 février 2006, le journaliste avait été convoqué et interrogé par deux agents de la Sécurité de l'Etat, le major Moisés Leonardo et le lieutenant-colonel Iván. Ce dernier avait montré au journaliste un paquet contenant des articles qu'il avait écrits et des enregistrements d'appels qu'il avait passés à Radio Martí, et l'avait menacé de prison s'il ne cessait pas ses activités.