Reprise du procès de Cumhuriyet : RSF demande la libération immédiate des journalistes

Mise à jour (12.03.2018) : A l'issue de l'audience du 9 mars, le tribunal a ordonné la libération conditionnelle du rédacteur en chef de Cumhuriyet, Murat Sabuncu, et du journaliste d'investigation Ahmet Sik. Akin Atalay a cependant été maintenu en détention. La prochaine audience se tiendra le 16 mars.



08.03.2018 - Le procès emblématique du quotidien Cumhuriyet reprend le 9 mars 2018 à Istanbul. Reporters sans frontières (RSF) réitère avec fermeté sa demande de lever toutes les accusations portées contre les journalistes poursuivis pour des motifs politiques.


C’est une nouvelle audience d’un procès devenu emblématique des atteintes à la liberté de la presse en Turquie qui se tiendra le 9 mars : les 18 collaborateurs du journal Cumhuriyet, comparaîtront devant la justice ce jour-là. Le représentant de RSF en Turquie, Erol Önderoğlu, et le directeur de la section allemande de RSF, Christian Mihr, seront présents au palais de justice d’Istanbul pour suivre le déroulement du procès et exprimer leur solidarité avec les journalistes poursuivis.


Bien que la plupart des journalistes poursuivis aient été remis en liberté conditionnelle au cours du procès, le célèbre reporter du journal Ahmet Şık, le directeur de la publication Mehmet Murat Sabuncu et le président du conseil exécutif de la Fondation Cumhuriyet Akin Atalay demeurent derrière les barreaux depuis plus d’un an.


Les audiences précédentes ont suffisamment démontré le caractère totalement infondé de cette affaire montée de toutes pièces, déclare RSF. Nous réitérons avec la plus grande fermeté notre demande de libérer immédiatement les journalistes toujours incarcérés et de lever les accusations portées contre tous les figurants du procès.”


Les journalistes et administrateurs de Cumhuriyet risquent entre sept ans et demi et 43 ans de prison, accusés d’avoir critiqué les autorités et défendu trois organisations considérées comme “terroristes” en Turquie : le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le groupuscule d’extrême-gauche DHKP/C. Des mouvements aux idéologies nettement différentes que le quotidien n’a cessé de critiquer. Truffé d’erreurs factuelles, l’acte d’accusation se base essentiellement sur des articles de presse mal interprétés et des contacts anodins des journalistes avec leurs sources et partenaires.


La Turquie occupe la 155e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2017 par RSF. Déjà très préoccupante, la situation des médias est devenue critique sous l’état d’urgence proclamé à la suite de la tentative de putsch du 15 juillet 2016 : près de 150 médias ont été fermés, les procès de masse se succèdent et le pays détient le record mondial du nombre de journalistes professionnels emprisonnés.
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Mise à jour le 12.03.2018