Reporters sans frontières s'inquiète d'un projet de loi sur la presse

Reporters sans frontières a exprimé sa préoccupation alors qu'un projet de loi sur la presse est à l'étude au parlement de Kiribati. "Une telle loi freinera inévitablement le développement de la presse privée et indépendante", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'organisation pour la défense de la liberté de la presse a demandé, dans une lettre adressée à l'attorney général, Titabu Tabane, de revenir sur cette proposition et d'amender la loi dans un sens plus libéral. "Si cette loi est adoptée, elle sera en totale contradiction avec la Constitution de votre pays, qui garantit la liberté de la presse et d'expression", a ajouté M. Ménard. Selon les informations recueillies par l'organisation, le gouvernement a soumis à l'examen du Parlement, le 30 mai 2002, un projet de loi amendant la loi sur l'enregistrement préalable des journaux. Le texte "Titabu Tabane" rend en effet possible la fermeture de toute publication contre laquelle une plainte serait déposée. Il requiert également de la part des patrons de presse, directeurs de publications et imprimeurs, de ne rien publier qui "porte offense au bon goût, à la décence, ou peut inciter au crime, provoquer la discorde ou heurter les sentiments du public". Le contenu des publications doit être "approprié et impartial". Lorsqu'un article "contient des propos portant atteinte à la crédibilité ou à la réputation d'un individu", la personne mise en cause doit disposer d'un droit de réponse dans le même format. Toute publication qui ne se soumettrait pas à ces conditions, ou continuerait à opérer malgré le retrait de sa licence, sera reconnue coupable d'un délit. En cas de délit prolongé, le contrevenant sera passible d'une amende supplémentaire de trois cents euros. Le bureau de dépôt des licences de publications deviendrait habilité à ordonner la fermeture d'un titre dès notification d'une plainte à son encontre. Cette initiative gouvernementale intervient peu après le lancement de Newstar, le premier hebdomadaire indépendant de l'atoll de Kiribati, par un député d'opposition, Ieremia Tabai. A la tête du concurrent direct de l'hebdomadaire officiel Te Uekera, l'homme politique, qui avait projeté de créer la première station de radio indépendante de l'archipel, s'était déjà heurté aux autorités. Le 5 juin, l'Association des journalistes des Iles du Pacifique (PINA) a annoncé que le gouvernement avait nié, dans un communiqué, que ce projet de loi était dirigé contre le magazine Newstar. Il s'agirait avant tout pour les autorités de "protéger les personnes ordinaires d'articles faux et malveillants parus dans certaines publications, notamment celles (...) plus proches des prospectus que des journaux privés".
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Updated on 20.01.2016