Les journaux Al-Neda ("L'appel" en arabe) et Al Hurriye
("Liberté") sont absents des kiosques depuis plusieurs semaines et un journaliste est toujours emprisonné pour un délit de presse. Reporters sans frontières dénonce ces censures arbitraires et demande aux autorités de tenir leurs promesses concernant la liberté de la presse.
Les journaux Al-Neda ( "L'appel" en arabe) et Al Hurriye
("Liberté") sont absents des kiosques depuis respectivement deux et trois semaines, tandis que le rédacteur en chef d'un hebdomadaire d'opposition, Abdulkareem Al-Khaiwani, purge une peine d'un an de prison.
Reporters sans frontières dénonce ces censures arbitraires et demande aux autorités de tenir leurs promesses en matière de liberté de la presse. L'organisation rappelle que le président Ali Abdallah Saleh s'était engagé, en juin 2004, à " œuvrer pour mettre un terme aux peines d'emprisonnement pour des délits de presse, ce qui serait un grand pas en avant pour la liberté de la presse au Yémen".
L'organisation demande par conséquent aux autorités la levée de ces mesures abusives et la remise en liberté immédiate d' Abdulkareem Al-Khaiwani.
Le Syndicat des journalistes yéménites (SJY) a également dénoncé, dans un communiqué du 26 octobre 2004, " le manque de sincérité du gouvernement " qui ne respecte pas ses engagements démocratiques. Le SJY s'est inquiété d'une " vague d'atteintes à la liberté de la presse sans précédent qui risque de ruiner tous les progrès accomplis depuis l'unification (ndlr : unification du Yémen du Nord et du Sud en 1990). Selon le syndicat, le sort d'Abdulkarim Al-Khaiwani a un impact négatif sur l'ensemble de la profession en créant " un environnement dangereux pour tous les journalistes des médias gouvernementaux, partisans et privés".
Le ministère de l'Information a fermé, mi-octobre, les bureaux du nouvel hebdomadaire Al-Neda qui disposait d'une autorisation de publication provisoire de six mois. La raison officielle est le dépassement de deux jours par Al-Neda du délai légal pour la parution de son premier numéro, le 13 octobre 2004. Selon Sami Ghaleb, son rédacteur en chef, interrogé par le quotidien Yemen Times, cette mesure constitue " une agression majeure " et discriminatoire envers son journal alors que de nombreuses publications paraissent de manière irrégulière au Yémen.
Il semblerait que le journal ait été fermé à cause des sujets sensibles abordés dans sa première édition, comme la campagne internationale de soutien au journaliste emprisonné Abdulkareem Al-Khaiwani, ou encore les divisions entre les différentes branches du parti au pouvoir, le Congrès général du peuple (CGP).
Quelques jours auparavant, le ministère de l'Information avait suspendu pour une durée indéterminée la licence du quotidien Al Hurriye, officiellement pour avoir modifié son logo sans autorisation. Akram Abdulkareem Sabra, rédacteur en chef du journal, joint par Reporters sans frontières, a expliqué qu' " à l'occasion de son 25e anniversaire, le journal a voulu changer sa maquette et son logo. Nous avons été stupéfaits et indignés par cette décision tout à fait disproportionnée. Ce n'est qu'un prétexte pour punir le journal ".
Ces incidents surviennent alors que le rédacteur en chef de l'hebdomadaire d'opposition Al-Shoura (photo), Abdulkareem Al-Khaiwani, est toujours en prison. Il a été condamné à un an de prison, le 5 septembre dernier, pour diffamation envers le président Ali Abdallah Saleh. Al-Shoura a également été suspendu pour six mois.