Reporters sans frontières s'inquiète des risques d'une guerre sans journalistes dans le département d'Arauca
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Reporters sans frontières condamne fermement les menaces de mort reçues par seize journalistes travaillant dans le département d'Arauca (nord-est du pays), une région pétrolifère décrétée zone spéciale sous contrôle de l'armée en septembre 2002 et où sont présents plusieurs groupes armés.
"Nous demandons au gouvernement colombien de garantir la sécurité des journalistes menacés dans le département d'Arauca. Nous sommes préoccupés par la décision des autorités de les évacuer vers Bogotá. Une telle décision est positive dans la mesure où elle témoigne de la mobilisation des autorités mais elle a surtout pour première conséquence de priver une zone de conflit de témoins précieux. L'absence de journalistes est la porte ouverte aux plus graves abus", s'est inquiétée l'organisation.
Un rapport publié le 20 décembre 2002 et signé par cinq organisations, dont Reporters sans frontières, la Fondation pour la liberté de la presse (FLIP, Bogotá) et l'Institut presse et société (IPYS, Lima), détaille les menaces, pressions et entraves auxquelles sont soumis journalistes et médias dans le département d'Arauca (Nord-Est). Intitulé "Arauca : l'information en danger" (disponible sur www.rsf.org), le rapport dénonce les agissements contre la presse tant des guérillas et des groupes paramilitaires que de l'armée. Depuis sa publication, sept journalistes, dont deux de médias étrangers, ont été enlevés et un autre tué par les groupes armés dans ce département.
Le 28 mars 2003, deux listes qui incluent les noms de vingt-quatre journalistes travaillant dans le département d'Arauca ont été remises à Rodrigo Ávila, correspondant de Caracol Televisión dans la ville d'Arauca, lui-même cité sur l'une des listes. Sur la première liste, provenant de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes), apparaissent les noms de huit journalistes.
Sur la seconde, attribuée aux paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC, extrême droite), figurent huit noms de journalistes ainsi que ceux de deux journalistes de la région assassinés. Il s'agit d'Efrain Varela, tué le 28 juin 2002, et de Luis Eduardo Alfonso, abattu le 18 mars 2003. Les deux listes indiqueraient que les professionnels des médias cités sont considérés comme des "objectifs militaires" et sont menacés de mort s'ils ne quittent pas la région.
Les journalistes concernés se sont réunis le 29 mars et ont officiellement demandé la protection de la police ainsi que l'intervention du ministère de l'Intérieur, qui dispose d'un programme de protection des journalistes. Selon Rodrigo Ávila, la police locale a répondu ne pas disposer des moyens nécessaires pour assurer leur protection dans la région. Il a donc été annoncé que les journalistes menacés pourraient quitter le département d'Arauca pour Bogotá dès le 1er avril.
Le 10 septembre 2002, le président Alvaro Uribe a signé le décret 2002 qui instaure des "zones spéciales de réhabilitation et consolidation" sous contrôle de l'armée, dans les régions où sévissent les groupes armés illégaux. Le département d'Arauca fait partie de ces quatorze zones spéciales placées sous la direction d'un commandant militaire dans lesquelles des combats très violents ont lieu. Ces mesures ont été adoptées dans le cadre de l'état d'exception, décrété le 12 août 2002 par le Président pour renforcer la lutte contre les guérillas communistes et les groupes paramilitaires d'extrême droite.
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Updated on
20.01.2016