Reporters sans frontières s'inquiète de la dégradation de la liberté de la presse auprès du chef de l'Etat
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Dans une lettre adressée le 4 septembre 2007 au président Ali Abdallah Saleh, Reporters sans frontières s'est inquiétée de la dégradation de la situation de la liberté de la presse au Yémen, après l'agression dont a été victime Abdulkarim Al-Khaiwani, rédacteur en chef du journal Al-Shoura et militant des droits de l'homme.
« Le 27 août dernier, Abdulkarim Al-Khaiwani a été enlevé en pleine rue par une dizaine d'hommes armés alors qu'il sortait des locaux du journal Al-Nedaa, au centre de Sana'a. M. Al-Khaiwaini a ensuite été passé à tabac et menacé de mort s'il continuait à publier des articles critiquant le pouvoir. Malgré les démentis officiels, il semble que les services de sécurité de l'Etat ne soient pas totalement étrangers à cette affaire, puisque Abdulkarim Al-Khaiwani a formellement reconnu l'un de ses kidnappeurs comme faisant partie des officiers qui l'avaient arrêté le 20 juin 2007. Il avait alors été interpellé et malmené à son domicile par des représentants des forces de l'ordre et conduit au parquet de la sécurité de l'Etat, où il avait été maintenu en détention jusqu'au 21 juillet. Accusé d'” appartenance à une cellule terroriste” et de “publication de fausses informations sur la guerre entre le gouvernement et les rebelles du nord-ouest du pays”, il risque la peine capitale», a indiqué l'organisation.
Reporters sans frontières a également évoqué le cas du journal Al Sharaa, dont les locaux ont été investis le 30 juillet 2007 par une dizaine d'hommes armés, qui ont menacé de mort le rédacteur en chef, Naif Hassan. Cette attaque serait liée à la plainte déposée le 7 juillet 2007 par le ministère de la Défense contre le journal, à la suite de la publication d'une série d'articles controversés sur le conflit de Sadaa.
« Nous sommes particulièrement préoccupés par les poursuites engagées contre la rédaction d'Al-Sharaa. La plainte a été déposée en vertu de l'article 126 du code pénal devant la Cour de Sûreté de l'Etat, spécialisée dans les affaires de terrorisme. Ce tribunal est le même qui va juger Abdulkarim Al-Khaiwani. Or, c'est la première fois qu'un journal est poursuivi dans le cadre de cette juridiction, dont l'impartialité n'est pas acquise», a déclaré l'organisation.
“Ces poursuites risquent de constituer un dangereux précédent susceptible d'entacher les relations entre les médias et le gouvernement, et contribuent à la dégradation du cadre légal et constitutionnel de protection de la liberté de la presse. En outre, ce climat d'insécurité permanent ne peut que pousser les journalistes à l'autocensure”, a t-elle ajouté.
L'organisation a demandé au président Ali Abdallah Saleh de faire tout le nécessaire pour que la lumière soit faite sur l'agression d'Abdulkarim Al-Khaiwani et de lui permettre, ainsi qu'à la rédaction d'Al Sharaa, d'être jugés par la juridiction appropriée, et en vertu du code de la presse et de la publication.
Publié le
Updated on
20.01.2016