Reporters sans frontières a appris la libération d'Oulougbek Khaïdarov, journaliste indépendant condamné à six ans d'emprisonnement le 5 octobre 2006 sous l'accusation fallacieuse d' « extorsion et de chantage ». Intervenue à la surprise générale alors que l'audience en appel du journaliste venait d'être ajournée, cette libération ne doit pas faire oublier l'arbitraire auquel les journalistes sont soumis.
Le journaliste proche de l'opposition Oulougbek Khaïdarov, condamné à six ans de prison pour « extorsion et chantage » le 5 octobre 2006 par la cour de Jizak, a été remis en liberté le 7 novembre. Le journaliste avait fait appel de la sentence et l'audience qui devait se tenir hier a été ajournée par le juge, Makhmoud Kouldatchev, pour raison personnelle. Plus tard dans la journée, il a contacté la famille du journaliste pour annoncer qu'il avait statué de son domicile et conclu à l'innocence d'Oulougbek Khaïdarov. Celui-ci a été libéré un peu plus tard et a pu rendre visite à sa famille à Andijan.
« Cette libération est inattendue. Nous ne pouvons que nous réjouir de cette nouvelle et nous partageons le soulagement d'Oulougbek Khaïdarov et de ses proches. Pour autant, nous n'oublions pas que la répression des journalistes en Ouzbékistan est féroce et que l‘arbitraire est la règle la mieux respectée par le pouvoir d'Islam Karimov. Les circonstances mêmes de la libération d'Oulougbek Khaïdarov, en dehors de tout cadre légal, le rappellent une nouvelle fois. Enfin, les sanctions votées par le Conseil de l'Europe contre l'Ouzbékistan après la répression des manifestations d'Andijan en mai 2005, doivent être prochainement réexaminées. Nous espérons que la libération d'Oulougbek Khaïdarov ne sera pas qu'un geste diplomatique et opportuniste », a déclaré l'organisation de défense de la liberté de la presse.
« Nous déplorons notamment que Djamchid Karimov, neveu du président, journaliste indépendant et collègue d'Oulougbek Khaïdarov, ait été interné en hôpital psychiatrique par les autorités ouzbèkes après sa disparition le 12 septembre dernier. Personne n'a pu lui rendre visite, aucun motif médical n'a été invoqué et son hospitalisation doit se poursuivre pour un minimum de cinq mois. Ces méthodes rappellent les heures sombres de la période soviétique où la dissidence était souvent matée par le placement autoritaire en asile », s'est insurgée Reporters sans frontières.
Oulougbek Khaïdarov avait été appréhendé par la police ouzbèke le 14 septembre 2006, après qu'une femme lui avait glissé de l'argent dans une poche alors qu'il attendait le bus. Quelques secondes plus tard, et bien qu'il eut jeté l'argent à terre, il avait été arrêté par des policiers. Il était, depuis, détenu dans la prison de Jizak.
L'Ouzbékistan est 158ème dans le classement 2006 de la liberté de la presse.