Reporters sans frontières se réjouit de la libération de Raúl Rivero et Edel García
Le célèbre journaliste et poète Raul Rivero a été relâché ce 30 novembre. Edel José García Díaz a lui-même recouvré la liberté le 2 décembre. "Nous espérons que les 23 autres journalistes toujours détenus à Cuba seront bientôt libérés à leur tour", a déclaré Reporters sans frontières. L'organisation demande à l'Union européenne de continuer à conditionner ses relations avec La Havane "à l'amélioration de la situation en matière de droits de l'homme et de libertés politiques".
"Notre organisation se réjouit pour Raúl Rivero et sa famille. C'est la fin d'une profonde injustice envers un grand journaliste et homme de lettres. Nous espérons que les 24 autres journalistes toujours détenus à Cuba seront bientôt libérés. Car si la libération de Raúl Rivero est une excellente nouvelle pour les démocrates du monde entier, elle ne doit pas faire oublier que la situation des droits de l'homme à Cuba reste plus mauvaise aujourd'hui qu'à la veille de son arrestation et que le régime continue de contrôler la presse et le pays d'une poigne de fer. Raúl Rivero avait été arrêté en mars 2003 avec 74 autres journalistes et dissidents, dont plus de 60 sont toujours détenus. Au total, plus de 300 prisonniers politiques sont incarcérés à Cuba." Reporters sans frontières appelle les autorités de La Havane à un réel engagement vers la démocratie en renonçant au monopole d'Etat sur l'information. L'organisation demande à l'Union européenne de maintenir des relations privilégiées avec la dissidence et de continuer à conditionner ses relations avec La Havane "à l'amélioration de la situation en matière de droits de l'homme et de libertés politiques" et le respect du pluralisme démocratique. Le 30 novembre au matin, Raúl Rivero a été libéré. Selon les déclarations de sa femme Blanca Reyes à l'agence Associated Press, il a été libéré pour raisons de santé. Le journaliste et poète avait été transféré le 26 novembre dernier à l'hôpital de la prison de Combinado del Este à La Havane, en compagnie d'au moins 16 autres dissidents dont deux ont été libérés trois jours plus tard. Un autre journaliste, Oscar Espinosa Chepe, qui était déjà hospitalisé à Combinado del Este, a également été libéré le même jour. Raúl Rivero avait été arrêté le 20 mars 2003 avec 74 autres dissidents dont 26 journalistes. Il avait été condamné, le 4 avril, à 20 ans de prison au terme d'un procès expéditif pour "actes contre l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Etat". Il était accusé d'avoir écrit des articles "tendancieux" dans des publications étrangères. "Je ne conspire pas, j'écris", s'était défendu le journaliste. Il était détenu à la prison de rigueur maximale de Canaleta, près de Ciego de Avila (430 kilomètres à l'est de La Havane). Son état de santé s'était depuis lors dégradé et le journaliste avait perdu près de 40 kilos. Des 75 dissidents et journalistes arrêtés en mars 2003, onze ont été libérés depuis : sept entre avril et juillet 2004 et quatre ces derniers jours. Raúl Rivero, lauréat du Prix Reporters sans frontières - Fondation de France 1997 Raúl Rivero est né à Morón (Camagüey) le 23 novembre 1945. Ancien journaliste de l'agence officielle Prensa Latina, dont il fut le correspondant à Moscou entre 1973 et 1976, Raúl Rivero quitte l'UNEAC, l'association officielle des journalistes et écrivains cubains, en 1989. En 1991, il rompt définitivement avec le régime en signant "La lettre des dix intellectuels" qui demande au président Fidel Castro la libération des prisonniers de conscience et la réforme du régime socialiste. Des dix signataires, il est le seul à être demeuré à Cuba. En septembre 1995, il crée l'une des premières agences de presse indépendante, Cuba Press, jamais reconnue par les autorités. En 1997, il reçoit le Prix Reporters sans frontières - Fondation de France pour ses actions en faveur de la liberté de la presse dans son pays. Sa dernière arrestation remontait au 9 mars 1999, date des dernières grandes vagues d'arrestations. Un an après la visite du pape, en janvier 1998, les autorités cubaines souhaitaient ainsi montrer qu'il n'y aurait pas de libéralisation du régime. Depuis, sa renommée internationale l'avait en quelque sorte protégé du harcèlement quotidien dont sont victimes ses collègues. En revanche, le gouvernement n'a jamais accepté de lui accorder un visa de sortie temporaire pour répondre aux invitations de l'étranger. Il est uniquement prêt à lui signer une autorisation de sortie définitive du territoire, ce que le journaliste a toujours refusé. Pour plus d'informations sur l'arrestation, le procès et les conditions de détention de Raúl Rivero