Reporters sans frontières se félicite du recul du gouvernement sur l'ordonnance PEMRA

"La mobilisation des journalistes et le soutien de la communauté internationale ont contraint le gouvernement à faire marche arrière sur son projet liberticide de renforcer les pouvoirs de la PEMRA. Il faut maintenant que les autorités et la presse puissent s'asseoir ensemble et construire un mécanisme indépendant de régulation des médias électroniques", a affirmé Reporters sans frontières. Dans la nuit du 6 au 7 juin, le gouvernement a annoncé qu'il suspendait le projet de nouvelle ordonnance sur la Pakistan Electronic Media Regulation Authority (PEMRA), suite aux nombreuses protestations des organisations de journalistes et de l'opposition. Les autorités ont annoncé la création d'une commission de six membres qui devra rendre un rapport au chef du gouvernement sur ce projet controversé. Une réunion entre le gouvernement, représenté par le ministre de l'Information, et les patrons de presse, notamment des chaînes de télévision privées, avait eu lieu plus tôt dans la soirée, à Islamabad. Lors d'une session de l'Assemblée nationale, le 6 juin, des dizaines de journalistes et de membres de l'opposition ont manifesté leur colère contre le renforcement de la censure. Des slogans tels que "Nous voulons la liberté", "Le drapeau de la plume continuera à flotter" ou "Loi noire, inacceptable" ont été scandés dans les couloirs et dans l'hémicycle. Des échauffourées ont eu lieu. Le président de l'Assemblée, Amir Hussain, a interdit aux journalistes l'accès au bâtiment. L'Union européenne et les Etats-Unis ont mis en garde le gouvernement pakistanais sur les dangers d'un renforcement des pouvoirs de la PEMRA. ------------ 06.06.2007 Le général Pervez Musharraf est plus que jamais un prédateur de la liberté de la presse Reporters sans frontières lance un appel au président Pervez Musharraf pour qu'il entende les appels de la communauté journalistique pakistanaise, de l'opinion publique et de la communauté internationale en faveur de la liber té de la presse. "Monsieur Pervez Musharraf, il n'est pas encore trop tard pour annuler la nouvelle ordonnance sur les médias électroniques et faire cesser la censure arbitraire qui pèse sur les chaînes de télévision. Votre Premier ministre vient d'annoncer que les plaintes déposées contre 200 journalistes allaient être levées. Cela montre qu'il est possible d'apaiser le climat et de défendre la liberté d'expression", a affirmé l'organisation. "Nous apportons notre soutien aux professionnels de l'information qui vont participer demain à la Journée noire annoncée par le principal syndicat de journalistes pour protester contre le retour de la censure. Il est plus que jamais urgent de défendre la liberté de la presse garantie par l'article 19 de la Constitution du Pakistan", a ajouté Reporters sans frontières. Le 4 juin 2007, le président Pervez Musharraf a promulgué la Pakistan Electronic Media Regulatory Authority (PEMRA) Amendment Ordinance 2007 qui renforce le pouvoir de censure et de contrôle de la PEMRA sur les chaînes de télévision et les opérateurs de câble. La PEMRA se voit accorder ainsi le pouvoir de saisir les équipements d'une chaîne de télévision, fermer ses installations et annuler sa licence pour toute violation des lois en vigueur. Les amendes ont également été augmentées de un à dix millions de roupies. L'autorité de régulation n'a même plus besoin de passer par le Conseil des plaintes mis en place par une ordonnance précédente. Selon certaines informations, ces nouvelles règles vont être étendues à Internet et au téléphone portable. Les autorités comptent également mieux contrôler l'activité des médias étrangers. Déjà en 2006, l'Assemblée nationale avait durci l'ordonnance constitutive de la PEMRA, en lui permettant de saisir des équipements et d'arrêter les journalistes des médias électroniques. En février 2007, un amendement à l'article 29 avait augmenté le montant des amendes que peut imposer la PEMRA. Cette nouvelle modification comportait la création d'un Conseil des plaintes censé régler les conflits. Le gouvernement n'a jamais réellement mis en place ce Conseil. Des avocats ont déposé des recours devant la Cour suprême pour tenter de bloquer cette ordonnance. Le 1er juin, deux chaînes privées ARY TV et Aaj TV ont été bloquées par les opérateurs de câble, sous la pression des autorités. De son côté, Geo TV a été censurée pendant près de deux jours. Les autorités ont fait pression sur la direction de la chaîne pour suspendre le programme d'informations "Meray Mutabiq". Le 2 juin, la PEMRA a ordonné aux télévisions de ne pas retransmettre en direct les événements liés à la crise politique qui agite le pays depuis le 9 mars dernier, date de la destitution du président de la Cour suprême, Iftikhar Mohammad Chaudhary. Au même moment, le ministre de l'Information interdisait à la presse de critiquer la justice et l'armée. Le 6 juin, le Premier ministre Shaukat Aziz a annoncé qu'il avait ordonné la levée des plaintes déposées contre 200 journalistes, dont les dirigeants du syndicat des journalistes, accusés d'avoir défié l'interdiction de manifester. Des centaines de journalistes s'étaient réunis à Islamabad le 4 juin. Des slogans hostiles au chef de l'Etat et au ministre de l'Information avaient été lancés. Le gouvernement a interdit la semaine dernière toute manifestation de plus de cinq personnes. Depuis 2003, le général Pervez Musharraf figure dans la liste des prédateurs de la liberté de la presse établie par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016