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« Nous sommes soulagés de la libération de Sabirjon Yakubov, qui vient de bénéficier d'un non-lieu de la justice ouzbèke. Ce jeune homme de vingt-trois ans a passé près d'un an en détention provisoire sans véritablement comprendre de quoi il était accusé. Les autorités viennent d'éviter une grave erreur judiciaire, mais sa détention préventive prolongée est parfaitement scandaleuse », a déclaré Reporters sans frontières.
Sabirjon Yakubov, ancien correspondant du journal indépendant Hurriyat (Liberté), avait été arrêté le 11 avril 2005 à Tachkent, en compagnie de plusieurs personnes. Il était poursuivi en vertu de l'article 159 du code pénal pour « atteinte à l'ordre constitutionnel » et « participation à une organisation extrémiste religieuse ». Il risquait entre trois et vingt ans de prison. Il a été relâché le 4 avril 2006, après que les charges retenues contre lui ont été abandonnées.
Sabirjon Yakubov a passé près d'une année dans un centre de détention dépendant des services secrets (SNB). Contacté par Reporters sans frontières, le rédacteur en chef de son journal, Ismat Hudoyarov, a confirmé la libération du journaliste sans donner plus de détails. D'après d'autres témoignages, il aurait quitté la capitale pour rejoindre le domicile de ses parents, dans la région de Ferghana.
Ses collègues le considéraient comme un spécialiste de la philosophie musulmane particulièrement modéré et n'ont jamais compris les accusations de terrorisme portées contre lui. Il semblerait que les autorités aient été alertées par les articles du journaliste plutôt élogieux sur l'islam. Il avait notamment publié un cycle d'articles intitulé « Voyage au pays du rêve », après avoir effectué son pèlerinage à La Mecque en 2005.
Reporters sans frontières rappelle que la répression continue de s'abattre sur l'opposition, les journalistes indépendants et les médias étrangers en Ouzbékistan. Ces derniers constituent des cibles privilégiées pour les autorités qui les soupçonnent de chercher à discréditer le pays et font « interférence dans les affaires intérieures ». Il est devenu pratiquement impossible pour des médias étrangers de travailler sans être menacé par le pouvoir.
Deux autres journalistes sont toujours derrière les barreaux. Jusuf Ruzimuradov et Mohammed Bekjanov du journal d'opposition Erk avaient été arrêtés le 18 août 1999 et condamnés à huit ans de prison. D'après les informations recueillies par Reporters sans frontières, ils n'ont jamais pu bénéficier d'un procès pour leur défense. L'organisation Human Rights Watch a affirmé que Jusuf Ruzimuradov a été torturé en prison. Ces deux journalistes ont été reconnus coupables de « tentative de renversement du pouvoir par la force » parce qu'ils travaillaient pour l'opposition. Reporters sans frontières demande leur libération immédiate.
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19 avril 2005
Un journaliste risque jusqu'à 20 ans de prison
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« Nous dénonçons le caractère arbitraire de l'arrestation de Sabirjon Yakubov, journaliste indépendant qui n'a fait qu'exercer son métier et que l'on accuse sans aucune preuve de faire partie d'un groupe extrémiste. Il serait scandaleux que ce jeune professionnel de la presse soit condamné à une lourde peine de prison pour avoir simplement relaté des faits susceptibles de déplaire au pouvoir ouzbek », a déclaré Reporters sans frontières.
Sabirjon Yakubov, journaliste de l'hebdomadaire indépendant Hurriyat (Liberté, 3 500 exemplaires) a été arrêté le 11 avril 2005, à Tachkent. Il a été inculpé pour « avoir enfreint l'ordre constitutionnel » et « faire partie d'une organisation extrémiste religieuse » (article 159 du code pénal). Actuellement détenu au centre des affaires intérieures de Tachkent, il devrait être transféré, au plus tard le 21 avril, à la prison de Tachkent. Selon la loi, il risque entre trois et quinze ans de prison mais, « étant donné qu'il a été arrêté en compagnie d'autres personnes, sa peine peut aller jusqu'à vingt ans de prison », a précisé Ruslan Sharipov, un ancien journaliste dissident, actuellement exilé aux Etats-Unis.
Les collègues de Sabirjon Yakubov dénoncent un motif fallacieux qui maquille la vraie raison de l'arrestation. Le 16 mars 2005, le journaliste avait rédigé un article consacré à la disparition en 2000 de Géorgiy Gongadze. Sabirjon Yakubov faisait état de l'assassinat du journaliste ukrainien dans lequel les plus hautes autorités de Kiev étaient impliquées. Le journaliste expliquait dans son article que ce crime avait été un élément détonateur de la révolution orange qui avait abouti au renversement, à l'automne 2004, de l'ancien pouvoir ukrainien. Le jeune journaliste de 22 ans accusait également les Etats-Unis d'avoir mis en veille leur observation du respect des droits de l'homme en Ouzbékistan, depuis que Washington a installé une base aérienne dans le sud du pays, en 2001, à l'invitation du président Islam Karimov.
L'arrestation de Sabirjon Yakubov a surpris les collaborateurs de Hurriyat qui considèrent que ce jeune diplômé de la faculté de journalisme de l'université de Tachkent est un spécialiste de la philosophie mulsulmane particulièrement mesuré. « Il est étonnant d'accuser un journaliste d'appartenir à un groupe d'extrémistes religieux, alors qu'il a écrit des dizaines d'articles sur les dangers du fondamentalisme musulman. S'il est réellement condamné à de nombreuses années de prison, il est clair que l'ensemble des journalistes vont se rebeller face à cette arrestation arbitraire et manifester », a déclaré son collègue Alimar Donanaiev à Reporters sans frontières.
Agé de 22 ans, né à Margilan, (région de Ferghana), Sabirjon Yakubov collaborait depuis 2001 à l'hebdomadaire indépendant Hurriyat. Etudiant de la faculté de journalisme de l'université de Tachkent, il avait été recommandé par ses professeurs auprès du président Islam Karimov, afin d'obtenir une bourse d'études.
L'utilisation de l'article 159 du code pénal est une pratique courante des autorités ouzbèkes pour faire taire les voix dissidentes. L'arrestation de Sabirjon Yakubov rappelle celle, en 2003, d'un collaborateur de Hurriyat, Gayrat Mekhliboyev, qui avait été condamné à sept ans de prison pour « atteinte à l'ordre constitutionnel » et « participation à un groupe d'extrémistes religieux ».
Le 15 avril, le site Internet www.centrasia.org, citant une source policière, avait évoqué l'existence d'une liste de journalistes surveillés par les autorités. Le ministère de l'Intérieur avait immédiatement démenti.