Reporters sans frontières scandalisée par la libération de trois hommes, dont un maire, condamnés pour l'assassinat d'un journaliste

Lourdement condamnés pour l'assassinat du journaliste Antonio de la Torre Echandía, en 2004, le maire de Yungay (région d'Ancash, Ouest), Amaro León León et deux hommes de main, Antonio Torre Camones et Pedro Ángeles Figueroa, ont été libérés sur ordre de la Cour suprême d'Ancash, le 20 juillet 2006. Reporters sans frontières dénonce cette décision scandaleuse. « Cet ordre de libération, prélude à une vraisemblable cassation des jugements précédents, constitue à la fois un scandaleux déni de justice et une véritable aubaine pour les ennemis de la liberté de la presse. Quelle victoire pour l'impunité ! Et comment imaginer que cette décision soit autre chose que le fruit de pressions politiques, d'accointances coupables, voire de marchandages ? Elle est également une insulte à la mémoire d'Antonio de la Torre Echeandia et à sa famille. Notre réaction ne s'arrêtera pas à la colère et nous porterons, s'il le faut, l'affaire devant la Commission interaméricaine des droits de l'homme », a déclaré Reporters sans frontières. Amaro León León, ainsi que les deux hommes de main Antonio Torre Camones et Pedro Ángeles Figueroa, avaient été condamnés en appel en décembre 2005 à 17 ans de prison. Le 20 juillet 2006, la Cour suprême d'Ancash a envoyé aux autorités pénitentiaires de la prison de Huaraz, où les trois accusés purgeaient leur peine, un ordre de libération immédiate au motif que la Cour suprême de la République, au niveau national, avait relevé un manque de preuves. L'ordre précisait que leur liberté serait effective lorsque la Cour suprême de la République aurait rendu sa sentence en vertu de laquelle il n'existerait plus de mandats de détention. La décision de la Cour suprême de la République aura autorité de la chose jugée. Il n'y aura donc plus de recours possible contre ceux que la justice avait condamnés, en première et deuxième instance, pour l'assassinat du journaliste de Radio Orbita. Amaro León León avait été reconnu coupable d'avoir commandité l'assassinat du journaliste pour l'empêcher de diffuser un reportage le concernant, dans son émission de radio intitulée « Con verdad y justicia » (« Avec la vérité et la justice »). Antonio de la Torre Echeandia y dénonçait la gestion du maire et ouvrait son antenne aux auditeurs. Homme d'affaire puissant, Amaro León León est un homme d'influences, dont les appuis politiques expliquent sans doute la mansuétude des magistrats à son égard.
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Updated on 20.01.2016