Reporters sans frontières publie les photographies du corps d'un journaliste battu en détention par la Garde nationale

Alors que deux journalistes sont toujours détenus dans le pays, l'organisation publie des preuves des mauvais traitements subis par des détenus politiques et affirme que "le silence de la communauté internationale, et notamment des grandes démocraties africaines, n'est plus supportable".

Alors que deux professionnels des médias sont toujours détenus en Gambie, Reporters sans frontières publie les photographies du corps d'un journaliste emprisonné en 2006, marqué par des coups violents assénés par des membres de la Garde nationale. L'identité de ce journaliste, aujourd'hui libre, ainsi que les circonstances de son incarcération, connues de l'organisation, sont tenues secrètes pour des raisons de sécurité. La Garde nationale, dont le quartier général est situé à côté de la présidence à Banjul, est un corps d'élite placé directement sous les ordres du président Yahya Jammeh. Reporters sans frontières demande à l'Union africaine (UA), à l'Union européenne (UE), aux Etats-Unis et à Taïwan, principaux partenaires politiques et économiques de la Gambie, de tout faire pour qu'un coup d'arrêt soit mis à la dérive autoritaire du gouvernement de Yahya Jammeh. “La publication de ces photographies est un appel à l'aide. La Gambie s'enfonce dans l'arbitraire et la violence. La Garde nationale gambienne a manifestement recours à des traitements brutaux contre certains détenus politiques. Le silence de la communauté internationale, et notamment des grandes démocraties africaines, n'est plus supportable. Nous estimons que le gouvernement de Yahya Jammeh est indigne d'accueillir le sommet de l'Union africaine (UA) et que la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) doit quitter Banjul”, a déclaré Reporters sans frontières. Lamin Cham, ancien rédacteur en chef du Daily Observer, correspondant de la radio publique britannique British Broadcasting Corporation (BBC), arrêté le 27 mai 2006 par la National Intelligence Agency (NIA, les services de renseignements), a été relâché le 6 juin, sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui. Malick Mboob, ancien journaliste du quotidien privé Daily Observer, aujourd'hui porte-parole du Royal Victoria Teaching Hospital (RVTH), a quant à lui été arrêté le 26 mai et placé en détention au quartier général de la NIA à Banjul. Ces deux journalistes ont été raflés après que leur nom est apparu dans la liste des abonnés du site d'opposition Freedom Newspaper, animé par Pa Nderry Mbai, un journaliste gambien en exil aux Etats-Unis. Cette liste avait été rendue publique après qu'un pirate informatique avait détourné l'outil d'administration du site. Elle avait par la suite été publiée par le quotidien progouvernemental Daily Observer, sous le titre : “Les informateurs du Freedom Newspaper démasqués”. D'autres journalistes sont recherchés par la police, qui a notamment publié un avis de recherche d'Omar Bah, ancien rédacteur en chef du Daily Observer avant d'être limogé, en octobre 2005, au profit de fidèles du président Yahya Jammeh. Un journaliste du bihebdomadaire privé The Independent, Lamin Fatty, a quant à lui été arrêté le 12 avril et détenu pendant plus d'un mois sans avoir accès à un avocat. Le 24 mai, il a été inculpé de “publication de fausses nouvelles” en vertu d'une loi draconienne prévoyant de lourdes peines de prison, votée en 2004, malgré les protestations des organisations locales et internationales de défense des journalistes, à la veille de l'assassinat encore impuni de Deyda Hydara, co-directeur du trihebdomadaire privé The Point, par ailleurs correspondant de l'Agence France-Presse (AFP) et de Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on 20.01.2016