Reporters sans frontières proteste contre le placement sur écoutes de deux journalistes

Reporters sans frontières condamne la mise sur écoutes et l'enregistrement par la police, depuis le 20 avril, des conversations téléphoniques de Milton Pérez et Maria Fernanda Zavala, de la chaîne Teleamazonas. Les deux journalistes avaient réalisé l'interview d'un ministre de l'ancien gouvernement de Lucio Gutiérrez, sous le coup d'un mandat d'arrêt.

Reporters sans frontières dénonce les écoutes et les enregistrements des conversations téléphoniques de Milton Pérez et Maria Fernanda Zavala, de la chaîne locale Teleamazonas, pratiqués par la police équatorienne depuis le 20 avril 2005, date du renversement du président Lucio Gutiérrez à la suite d'un soulèvement populaire. « Ces procédés de basse police n'ont d'autre but que la mise sous surveillance des médias par le pouvoir d'Etat. L'instabilité politique qui règne en Equateur et les poursuites engagées contre des membres du gouvernement déchu de Lucio Gutiérrez n'autorisent en rien à surveiller des journalistes à leur insu. Nous demandons qu'une enquête sérieuse détermine les responsabilités dans cette affaire et que les magistrats qui ont avalisé cette manœuvre répondent de leur décision », a déclaré Reporters sans frontières. Milton Pérez et Maria Fernanda Zavala avaient réalisé, le 9 mai, une interview de l'ancien ministre de l'Intérieur Oscar Ayerve, passé à la clandestinité juste après le renversement du président Lucio Gutiérrez le 20 avril. Oscar Ayerve était alors sous le sous le coup d'un mandat d'arrêt, en raison de ses responsabilités dans la répression contre des manifestants lors du coup d'Etat. Les autorités policières équatoriennes ont reconnu, le 10 juin, avoir placé sur écoutes les portables des deux journalistes et enregistré leurs conversations téléphoniques afin de localiser l'ex-ministre en fuite. Selon le député Carlos González, cité par l'Agence France-Presse, qui a dénoncé l'affaire, les écoutes ont démarré dès le 20 avril mais ont été avalisées le 17 mai par la justice avec un effet rétroactif. La police a multiplié les déclarations contradictoires. Elle a reconnu avoir procédé à des écoutes, mais a nié disposer de l'équipement nécessaire pour enregistrer. Elle a également soutenu avoir bénéficié d'un appui judiciaire mais a démenti qu'une autorisation judiciaire rétroactive avait été donnée. Maria Fernanda Zavala a indiqué à Reporters sans frontières que les poursuites contre l'ancien ministre ont été abandonnées le 18 mai, en échange d'une caution de 8 000 dollars. « Ce que je ne comprends pas, confie-t-elle, c'est pourquoi nous avons continué à être sur écoutes après cette date. »
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Updated on 20.01.2016