Après un coup d'Etat militaire sans effusion de sang, les journaux ont paru normalement ce matin, mais l'armée a annoncé des restrictions à l'encontre des médias qui lui seraient hostiles. Reporters sans frontières demande à l'armée de garantir au plus vite la liberté et l'indépendance des médias malmenés au cours des dernières années.
Après avoir pris le contrôle pendant quelques heures des chaînes de télévision du pays, l'armée - qui a déposé le Premier ministre Thaksin Shinawatra - a laissé la presse thaïe paraître normalement, le 20 septembre 2006. En revanche, un porte-parole des militaires a ordonné au ministère de l'Information et de la Technologie de la Communication de censurer les informations hostiles aux nouvelles autorités.
"Il serait déplorable que ce coup d'Etat sans effusion de sang se transforme en retour de la censure. La junte militaire doit garantir au plus vite les libertés fondamentales, et notamment une entière liberté de la presse. La confiscation des libertés ne peut être en aucun cas une réponse aux échecs du gouvernement précédent. Les médias thaïs malmenés au cours des dernières années doivent pouvoir travailler en toute indépendance », a affirmé Reporters sans frontières.
Le 20 septembre dans la matinée, un porte-parole du gouvernement autoproclamé (ARC) a ordonné au ministère de l'Information et de la Technologie de la Communication de « contrôler et de censurer toute information qui pourrait affecter le travail de l'ARC ». Auparavant, dans son dixième communiqué, la junte avait demandé aux médias leur coopération pour « présenter des informations exactes au public ».
Le chef de l'armée, le général Sonthi Boonyaratglin, est également intervenu à la télévision pour dénoncer la corruption et le népotisme du gouvernement précédent, et promettre le retour rapide de la démocratie.
Dans la soirée du 19 septembre, des militaires avaient pris le contrôle des bâtiments du gouvernement et des chaînes de télévision thaïes. Les programmes avaient été interrompus pendant quelques heures. Des images de la famille royale et des chansons patriotiques étaient diffusées dans la soirée. La chaîne indépendante Nation TV a pu diffuser librement toute la soirée.
Aucun incident n'a été signalé entre des militaires et des journalistes. Les principaux journaux en thaï et en anglais ont pu paraître normalement. En revanche, la diffusion sur le câble des chaînes de télévision internationales, notamment CNN et la BBC World, a été suspendue jusque dans la matinée du 20 septembre. Selon des médias thaïs, les forces de sécurité auraient saisi des équipements de transmission. Les militaires semblaient craindre que le Premier ministre déchu, actuellement à New York, ne lance un appel à ses partisans.
Les militaires n'avaient pas été au pouvoir depuis 1992. En revanche, l'armée contrôle au moins deux chaînes de télévision et plus de 120 stations de radio sur les 500 dans le pays.