Reporters sans frontières s'inquiète des blocages entourant trois propositions de loi destinées à répartir plus équitablement la publicité officielle. L'organisation constate que cette dernière sert, dans bien des cas, à punir ou à récompenser des médias en fonction de leurs relations avec le pouvoir.
Reporters sans frontières se déclare préoccupée par les entraves opposées à trois propositions de loi fédérale concernant la distribution de la publicité officielle, notamment au sein des médias. L'organisation constate que cette manne financière sert trop souvent à punir ou récompenser la presse.
“Les discriminations dans l'attribution de la publicité officielle affectent gravement le fonctionnement d'un certain nombre de médias, surtout en province, et alimentent un climat de tension permanente entre la presse et le pouvoir. Il est temps que cette situation prenne fin et les propositions de loi sur la publicité officielle présentées au Congrès fédéral peuvent y contribuer. D'autre part, il est assez paradoxal que le gouvernement et sa majorité parlementaire prévoient un budget publicitaire accru et rechignent à accepter de meilleures garanties quant à sa répartition”, a déclaré Reporters sans frontières.
En 2005, selon l'organisation Poder Ciudadano (“pouvoir citoyen”), le montant de la publicité officielle s'est élevé à 127 millions de pesos argentins (32,7 millions d'euros), soit 43,8 % de plus que le budget prévu initialement. En 2006, la somme a atteint 161 millions de pesos, soit 41,4 millions d'euros. Le projet de budget pour 2007, actuellement en discussion à la Chambre des députés fédérale, se chiffre à 225 millions de pesos, soit 58 millions d'euros.
Afin de mieux répartir cette manne, trois propositions de loi ont vu le jour au Congrès. La première, portée au Sénat par Ricardo Gómez Diez (Parti rénovateur) et défendue notamment par Ernesto Sanz (Union civique radicale, UCR) et Hilda González de Duhalde (Parti justicialiste, PJ, péroniste, au pouvoir), garantirait une distribution automatique de 15 % de la somme à chaque média inscrit à un registre de publicité officielle que la loi instituerait. Les 85 % restants seraient répartis proportionnellement au taux d'audience des radios et télévisions ou au nombre d'exemplaires vendus des journaux.
La proposition de loi sénatoriale s'est heurtée à l'opposition du président de la Commission du Sénat pour les médias et la liberté d'expression, Guillermo Jenefes (PJ), qui a déclaré, le 17 octobre 2006, au quotidien La Nación : “Je ne crois pas que ce soit un thème sur lequel il faille légiférer. En plus, il y a en Argentine une absolue liberté d'expression.”
Fustigeant d'”évidentes discriminations” dans la distribution de la publicité officielle, le sénateur Ricardo Gómez Diez a néanmoins insisté auprès de Reporters sans frontières sur la nécessité de “réduire les difficultés d'accès des journalistes à l'information, l'absence de mécanismes de communication, comme les conférences de presse des fonctionnaires, qui n'existent pas actuellement”.
A la Chambre des députés, une proposition de loi présentée en 2004 par le député Federico Pinedo (bloc PRO), et relancée cette année, prévoit également la mise en place d'un registre de publicité officielle, mais fixe comme critère d'attribution de cette dernière son intérêt pour le public et l'importance de la couverture géographique du média. Le projet n'a jamais été inscrit à l'ordre du jour de la Chambre basse, pas plus qu'une troisième proposition de loi, elle aussi présentée par la députée Silvina Giudici (UCR)