Reporters sans frontières et l'Association des journalistes bélarusses demandent la réouverture de l'enquête sur la disparition du journaliste

Le 27 février 2003, les autorités bélarusses ont décidé de fermer l'enquête sur la disparition Dmitri Zavadski, cameraman biélorusse de la première chaîne de télévision russe, ORT, disparu le 7 juillet 2000. Un courrier adressé à la femme du journaliste, Svetlana Zavadskaya, précise que l'enquête a été fermée car "l'individu disparu n'a pas été retrouvé". Reporters sans frontières et l'Association des journalistes bélarusses (BAJ), ont adressé un courrier à Ivan Branchel, responsable de l'enquête, dans lequel elles dénoncent une décision contraire aux normes de droit international qui prive la famille de Dmitri Zavadski de leur droit de savoir la vérité sur le sort de leur proche, et demandent la réouverture de l'enquête destinée à élucider les circonstances de la disparition de Dmitri Zavadski. Les deux organisations ont souligné que la fermeture de cette enquête est contraire à la Déclaration sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies dans sa résolution 47/133 du 18 décembre 1992. L'article 17 de la Déclaration indique que "tout acte conduisant à une disparition forcée continue d'être considéré comme un crime aussi longtemps que ses auteurs dissimulent le sort réservé à la personne disparue et le lieu où elle se trouve et que les faits n'ont pas été élucidés". Par ailleurs, des juridictions régionales comme la Cour européenne des droits de l'homme et la Cour interaméricaine ont maintes fois affirmé dans leurs décisions que compte tenu du caractère continu de la disparition forcée, l'Etat était tenu d'effectuer des recherches jusqu'à ce que la victime soit retrouvée. Reporters sans frontières et la BAJ considèrent que le procès qui s'est conclu le 16 juillet 2002 par la condamnation à une peine de prison à vie pour Valeri Ignatovitch, ancien chef des unités spéciales du ministère de l'Intérieur, n'a pas permis de déterminer les circonstances exactes de la disparition forcée, ni d'identifier les commanditaires de l'enlèvement de Dmitri Zavadski. Le 27 novembre 2002, la sous-commission "ad hoc" de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe pour éclaircir les circonstances des disparitions de personnalités de l'opposition au Belarus, a constaté que les autorités bélarusses n'avaient toujours pas apporté de réponses satisfaisantes sur le sort du journaliste. Ancien cameraman personnel du Président, Dmitri Zavadski avait quitté la télévision d'Etat sans l'assentiment du pouvoir, en 1996, pour travailler pour la chaîne russe ORT. Il avait été emprisonné pendant deux mois avec un collègue, en 1997, à la suite d'un reportage sur les défaillances des dispositifs de sécurité bélarusses le long de la frontière avec la Lituanie. En 2000, il avait publié des informations sur la présence au sein des forces indépendantistes tchétchènes, d'un ancien agent des forces spéciales du ministère de l'Intérieur bélarusse, Valeri Ignatovitch. Selon la version défendue par les autorités bélarusses, ce dernier aurait décidé de se venger de Zavadski pour l'article qu'il avait écrit sur sa présence en Tchétchénie.
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Updated on 20.01.2016