Reporters sans frontières demande une enquête sur la mort de Sultan Munadi

Rt Hon Bob Ainsworth Secrétaire d'Etat à la Défense Londres United Kingdom Paris, le 16 septembre 2009 Monsieur le Secrétaire d'Etat, L'émotion et la colère sont grandes en Afghanistan et à travers le monde après la mort du journaliste afghan Sultan Munadi lors de l'opération lancée par les forces spéciales britanniques pour secourir son collègue Stephen Farrell. Nous vous demandons solennellement de diligenter une enquête afin de comprendre les dysfonctionnements et les erreurs qui ont conduit à cette tragédie. Nous vous prions de rendre publiques les conclusions de cette investigation et de sanctionner les responsables. Plusieurs zones d'ombre demeurent sur les circonstances de l'opération commando du 9 septembre dont l'objectif était de libérer deux journalistes, dont un britannique, enlevés quelques jours plus tôt par des combattants taliban. Nous ne doutons pas que l'intention était évidemment de leur porter secours et de leur éviter une longue et pénible détention. Pourtant, il nous semble nécessaire que cette enquête permette de comprendre pourquoi la décision de cette opération militaire, comportant un fort risque pour les soldats et les otages, a été prise aussi vite, et sans consulter toutes les parties. Vous avez été personnellement impliqué dans cette décision. Pourquoi ne pas avoir attendu les résultats des négociations qui étaient en cours avec les taliban ? Selon les différents témoignages disponibles sur le déroulement de l'opération, les soldats britanniques savaient que deux otages, un Occidental et un Afghan, étaient présents sur les lieux. Ils disposaient même de photographies de Stephen Farrell et de Sultan Munadi. Quand il a été tué, Sultan Munadi était, bien entendu, non armé, et s'est identifié comme journaliste en criant en anglais. Qu'est-ce qui a conduit des soldats britanniques ou afghans à ouvrir le feu à ce moment-là ? Quelle était la procédure d'ouverture du feu indiquée aux commandos ? Le corps sans vie de Sultan Munadi a été laissé sur les lieux de l'attaque. Ses parents ont été contraints d'aller le chercher eux-mêmes, dans une région très dangereuse. Comment est-il possible que le corps d'un des deux otages ait été abandonné de la sorte ? L'objectif n'était-il pas de s'occuper du journaliste britannique, mais également de son collègue afghan ? Comme nous l'avons écrit dans notre communiqué publié le jour même de la mort de Sultan Munadi, nous reconnaissons que dans une affaire de kidnapping, toutes les options, même militaires, peuvent être envisagées. Aujourd'hui, il est en revanche important que des explications soient apportées à toutes ces questions. Cette exigence de vérité est urgente pour la famille et les collègues de Sultan Munadi, mais également pour ceux du soldat britannique tué dans cette opération. Convaincu que vous répondrez à ces attentes, je vous prie d’agréer, Monsieur le secrétaire d'Etat, l’expression de ma très haute considération. Jean-François Julliard Secrétaire général
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Updated on 20.01.2016